Il me semble que c'est dans La musique d'une vie que Andreï Makine évoque l' "homo sovieticus" de Zinoviev.
Ce type inspire tous ses romans, La fille d'un héros de l'Union soviétique n'y déroge pas.


L'histoire recommence. Elle se redéploie ailleurs mais semblablement. Ces russes ont tous morflé avec la même intensité, insondable.


C'est un sang de douleur sans voix, mutique, épais qui coule dans les phrases d'Andreï Makine, qui anime ses personnages et qui rend compte de l'héritage cruel du communisme.


On peut être gratifié de la plus belle distinction militaire du régime, on en reste pas moins un camarade rompu et alcoolique, victime permanente de sa condition de sujet de l'institution.
On peut être fille d'un héros de l'Union soviétique, on en demeure pas moins une proie vulnérable, la chasteté vaincue par la misère et l'espoir sans cesse rabroué par l'indéfectible raideur de la société rouge.


Andreï Makine en parle comme un maître. Il brise la carcasse soviétique et fige sur son papier tous les cris réprouvés qui s'en échappent. Il reprend ces peines avec un style magnifique qui semble faire de ses romans des contes.


Je ne me lasse pas de cet éternel recommencement.

Motherfuck
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le 18 mars 2020

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