Un meurtre a eu lieu à l’Opéra de New-York. L’homme tué de trois balles en pleine poitrine est tombé du balcon d’une loge, interrompant la représentation de La Flûte Enchantée. Le lieutenant Robert Tourneur, personnage raciste, violent, alcoolique, mais doté d’une intuition hors du commun pour résoudre les homicides, conduit cette enquête au cours de laquelle les facettes lumineuses ou sombres des différents protagonistes, vivants ou morts, vont se dévoiler peu à peu.

L’intrigue de "La fille de Carnegie" a pour épicentre, comme un trou noir, cette loge au Metropolitan Opera de Manhattan et son occupante, Sondra Carnegie, fille du milliardaire du même nom, reine des nuits d’opéra évitant les medias comme la peste, et dont les photos sont très rares, quasiment introuvables. En dehors de cette petite fille trop riche, la galerie de portraits des personnages, un des charmes prenants de cet excellent noir aux accents poétiques, comprend une soprano médiocre et broyée par son échec, une substitut du procureur incorruptible, un flic surdoué et tombeur devenu privé, une véritable diva au corps de cygne et bien sûr l’enquêteur excessif qui dialogue avec les cadavres.

Après avoir été séduite par le très beau « Ciseaux », j’ai voulu lire ce roman initialement écrit comme pièce de théâtre. Je n’ai pas été déçue, mais au contraire très impressionnée par la palette des talents de Stéphane Michaka, qui connaît aussi visiblement New-York comme sa poche.

« La nuit, comment ne pas commettre des crimes protégés par la nuit ?
La nuit, comment ne pas faire des rêves prohibés par le jour et passés en contrebande au petit matin ?
La nuit, comment ne pas penser que parmi les milliards d’escarbilles que convoie l’atmosphère new-yorkaise, quelques-unes, au moins, ne nous sont pas étrangères ?
Le 6 février 2002, jour où il y avait du vent, les cendres de Fran Markowitz avaient été jetées par l’une de ses amies depuis un ferry traversant la rivière Hudson.
Faire ça était illégal, passible d’une amende de 250 dollars.
Et maintenant, regrettait Tourneur, elle était partout. »
MarianneL
7
Écrit par

Créée

le 3 janv. 2013

Critique lue 156 fois

1 j'aime

MarianneL

Écrit par

Critique lue 156 fois

1

D'autres avis sur La fille de Carnégie

Du même critique

La Culture du narcissisme
MarianneL
8

Critique de La Culture du narcissisme par MarianneL

Publié initialement en 1979, cet essai passionnant de Christopher Lasch n’est pas du tout une analyse de plus de l’égocentrisme ou de l’égoïsme, mais une étude de la façon dont l’évolution de la...

le 29 déc. 2013

36 j'aime

4

La Fin de l'homme rouge
MarianneL
9

Illusions et désenchantement : L'exil intérieur des Russes après la chute de l'Union Soviétique.

«Quand Gorbatchev est arrivé au pouvoir, nous étions tous fous de joie. On vivait dans des rêves, des illusions. On vidait nos cœurs dans nos cuisines. On voulait une nouvelle Russie… Au bout de...

le 7 déc. 2013

35 j'aime

Culture de masse ou culture populaire ?
MarianneL
8

Un essai court et nécessaire d’un observateur particulièrement lucide des évolutions du capitalisme

«Aujourd’hui il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout il faut le préserver. Ensuite, nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d’une façon révolutionnaire. Mais avant tout, nous...

le 24 mai 2013

32 j'aime

4