Tanguy Viel fait partie des écrivains les plus intéressants publiés aux Editions de Minuit, avec un style à la fois classique mais aussi suffisamment personnel pour susciter l’intérêt à chacun de ses nouveaux romans. Son dernier en date, La fille qu’on appelle, sera à ranger parmi les romans que l’on qualifie de post #meetoo… faute de mieux. Dans le genre, beaucoup d’autofictions, beaucoup de récits personnels touchants, voire bouleversants, sont parus au cours des dernières années. Du coup celui-ci arrive peut-être un peu trop tard, en tout cas il se révèle moins pertinent ceux par exemple de Vanessa Springora ou Karine Tuil. Car il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans la mécanique mise en place par Tanguy Vieil, dans cette histoire où le maire d’une petite ville bretonne abuse de son pouvoir et par la même occasion d’une jeune femme désireuse d’obtenir son appui pour l’obtention d’un logement. Laura est la fille de Max Le Corre, le chauffeur de Monsieur le maire, un ancien boxeur qui doit sa carrière au patron du casino local, un ami très fidèles du maire.
Dans cet univers, celui d’une petite ville de province où tout le monde se fréquente et se connait qui peut évoquer certains films de Chabrol, l’auteur de Article 353 du code pénal propose un récit d’abord assez captivant, mais qui au fil des pages perd de son intensité, de sa force, dans une histoire pour laquelle on est de moins en moins convaincu, où tout s’enchaine de manière trop évidente, trop fluide, jusqu’à la toute fin que loin voir arriver de loin.
Reste la forme, le style de Tanguy Viel, impeccable et virtuose comme toujours, capable de décrire des situations plus vraies que nature de manière très précise, notamment cette scène au début du livre où le prédateur Quentin le Bars tourne autour de sa proie e l’approche petit à petit avant de refermer ses griffes sur elle sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit.
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