On se souvient du précédent roman de Viel, Article 353 du Code pénal, dans lequel un homme raconte dans le bureau d’un juge d’instruction comment il a été amené à commettre le crime dont on l’accuse, ce que l’on apprend au début du récit.Dans La fille qu’on appelle – je vous laisse traduire en anglais –, c’est la victime qui parle devant les policiers alors qu’elle vient déposer plainte.
Dans les deux cas, l’auteur laisse la parole à ses protagonistes qui racontent longuement, dans le désordre – en tout cas dans le désordre chronologique, mais il y a sans doute un autre ordre dans leur propos –, par bribes, en se répétant, composant peu à peu le tableau de la violence. Car il y a bien violence, dans les deux cas, y compris à l’encontre du meurtrier d’Article 353… Cette fois, à la violence sociale s’ajoute la violence de l’homme sur la jeune femme. De l’homme riche sur la jeune femme en quête de logement et de travail. De l’homme de pouvoir sur la fille de son chauffeur.
On retrouve donc les ingrédients favoris de Tanguy Viel, critique sociale et empathie pour les victimes. Le tout servi par une langue d’une parfaite fluidité assemblant à merveille les éléments fragmentés.