On se souvient du précédent roman de Viel, Article 353 du Code pénal, dans lequel un homme raconte dans le bureau d’un juge d’instruction comment il a été amené à commettre le crime dont on l’accuse, ce que l’on apprend au début du récit.Dans La fille qu’on appelle – je vous laisse traduire en anglais –, c’est la victime qui parle devant les policiers alors qu’elle vient déposer plainte.

Dans les deux cas, l’auteur laisse la parole à ses protagonistes qui racontent longuement, dans le désordre – en tout cas dans le désordre chronologique, mais il y a sans doute un autre ordre dans leur propos –, par bribes, en se répétant, composant peu à peu le tableau de la violence. Car il y a bien violence, dans les deux cas, y compris à l’encontre du meurtrier d’Article 353… Cette fois, à la violence sociale s’ajoute la violence de l’homme sur la jeune femme. De l’homme riche sur la jeune femme en quête de logement et de travail. De l’homme de pouvoir sur la fille de son chauffeur.

On retrouve donc les ingrédients favoris de Tanguy Viel, critique sociale et empathie pour les victimes. Le tout servi par une langue d’une parfaite fluidité assemblant à merveille les éléments fragmentés.

Brigou13
8
Écrit par

Créée

le 30 avr. 2023

Critique lue 12 fois

Brigou13

Écrit par

Critique lue 12 fois

D'autres avis sur La Fille qu'on appelle

La Fille qu'on appelle
Cinephile-doux
6

Les zones grises de l'emprise

C'est entendu, dans La fille qu'on appelle, le style de Tanguy Viel est toujours aussi délectable, l'un des plus brillants de la littérature française contemporaine, au côté d'Echenoz, par exemple...

le 10 sept. 2021

6 j'aime

La Fille qu'on appelle
Camarade_Luminescent
3

Un exercice de style sous couvert d'actualité

Que dire de cette lecture... Eh bien, tout d'abord, peut-être de ne pas se fier à la quatrième de couverture, qui dissimule bien ce qui se cache entre les pages de ce livre. On parle de Max, le père...

le 4 déc. 2021

4 j'aime

1

La Fille qu'on appelle
Cannetille
9

Emprise

Depuis qu’il a quasiment raccroché les gants de boxe, l’ancien champion Max Le Corre est devenu le chauffeur du maire de la ville. Sa fille de vingt ans, Laura, ayant l’intention de revenir...

le 7 mars 2022

3 j'aime

1

Du même critique

Le Château de Barbe-Bleue
Brigou13
2

Quel dommage...

Troisième – et dernier, j'espère – opus de la série Terra Alta.Le mot "série" n'est pas fortuit tant on a l'impression que le livre n'a pour seule justification que d'offrir la matière pour une...

le 30 avr. 2023

La Fille qu'on appelle
Brigou13
8

Violence sociale, violence des hommes

On se souvient du précédent roman de Viel, Article 353 du Code pénal, dans lequel un homme raconte dans le bureau d’un juge d’instruction comment il a été amené à commettre le crime dont on l’accuse,...

le 30 avr. 2023

Ce que c'est qu'une existence
Brigou13
9

On slalome fastoche et c'est jouissif !

Voici une galerie de personnages que nous suivons durant une journée. Une journée de leur vie à tous. À tous plutôt qu’à chacun, car s’ils ne se rencontrent pas au cours de cette journée, ils se...

le 30 avr. 2023