Quand vous vous embarquez dans La Fonte des glaces, l’ironie mordante de Joël Baqué ne vous laisse pas indifférente au début du livre. L’auteur met en place l’histoire d’un charcutier retraité qui malgré une existence fade depuis la mort de sa femme,va retrouver un semblant de sens à sa vie. C’est vrai qu’aménager une banquise « maison » chez lui est risible, que s’ouvrir sur l’Antartique et le manchot empereur de cette façon offre un point de vue absurde idéal. Ce qui finit par vous fatiguer en tant que lecteur, c’est l’accumulation de ces situations grotesques pour se moquer d’un homme du peuple modeste et sans consistance intellectuelle. J’ai pu rire à certaines situations de cet itinéraire picaresque ( comme lorsque Louis fait un premier état délirant pour une raison bien précise que vous découvrez ensuite, et plutôt bien amenée il faut avouer) mais le dernier tiers du livre où Joël Baqué livre son personnage à l’alléatoire du buzz qui gâche tout , multiplie les angles d’analyse pour s’approprier du sens et de la vérité, est un sacré retour dans l’amertume humaine. Quelque part, Joël Baqué décrit pourtant notre société actuelle ne mesurant plus la distance à avoir avec les gens et les actions et où le story-telling ambiant remplace tout. Malgré le rendu habile de ce triste constat ( où Louis devient une icône écologique malgré lui et pour de mauvaises raisons), la tonalité persistance d’absurde finit par vaciller et la fin du roman s’achève sur un naufrage individuel qui fait rire les plus cyniques mais donne la nausée à ceux qui estiment la bonhomie gauche de Louis dont on ne peut pas garder uniquement la facette « chien dans un jeu de quilles ».