Une ethnographie essentielle et nécessaire sur la police des quartiers et ses relations avec les habitants. Didier Fassin a passé deux ans dans une Brigade Anti-Criminalité de région parisienne. Il nous raconte ce qu'il a vu, ces violences quotidiennes, physiques et symboliques subies par les jeunes - souvent issus de minorités ethniques - lors des contrôles d'identité. Mais loin de faire une simple accusation de quelques policiers racistes ou borderline, il revient sur la genèse des violences urbaines opposant policiers et jeunes de quartiers. Sur des vérités balayées par le pouvoir car ne correspondant pas à ses conceptions. Sur l'inutilité de patrouiller pour quelle que police qu'il existe dans quel que quartier que ce soit. Sur une politique publique contre-productive qui contribue à créer des tensions plutôt qu'à les apaiser. Sur une institution qui stigmatise et catégorise des individus, jetant les bases d'un sentiment de rejet ressenti et parfois inversé par ses victimes.
Didier Fassin montre finalement que les interactions entre les policiers et leur public, notamment lors des contrôles d'identité, deviennent moins motivées par un souci de maintenir l'ordre public que d'exercer un rappel à l'ordre social et qui « signifient au jeune de cité qu'il est un sujet de l'Etat contrôlable à l'envi par ceux qui détiennent en son nom le monopole de la violence légitime. »
Un livre à lire absolument donc, ne serait-ce que pour se rendre compte des inégalités et des injustices perpétrées au quotidien dont nous ne sommes peut-être pas victimes. Une lecture qui devrait être obligatoire pour les lycéen.ne.s.