Critique de La Grande Vie par aaiiaao
Bobin tisse de belles phrases et des aphorismes lyriques, mais les mots sont comme juxtaposés les uns à côté des autres, sans jamais faire sens.
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le 28 nov. 2019
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Retour de lecture sur “La grande vie” un titre de Christian Bobin paru en 2014. C’est un livre très court, d’une centaine de pages très aérées. Ce n'est pas vraiment un roman et doit plutôt être considéré comme un recueil de poésie en prose, il est divisé en 6 chapitres tous très courts. C’est un objet littéraire très particulier, difficile à commenter car tout est dans la beauté des mots, le texte ne s’explique pas vraiment, il se ressent surtout. Il n’y a pas d’histoire, pas vraiment de fil conducteur, juste certaines idées qui reviennent dans différents chapitres. Dans ce livre Bobin rend hommage et se réfère à des artistes et lectures qui lui ont apporté du bonheur, entre autres: la poétesse Marceline Desbordes-Valmore, le philosophe Kierkegaard, le pianiste Thelonious Monk et le peintre Vermeer. Il nous explique que la poésie ne se limite pas à écrire de beaux textes mais que celle-ci se trouve en chacun de nous. Pour lui, la beauté est tout simplement dans la vie elle-même, on la trouve partout autour de nous, dans la nature, dans le chant des oiseaux, dans les nuages, l’ondulation de l’herbe sous le vent, le ruissellement de l'eau. Tout est souvent un peu flou, l’auteur nous transmet ses idées et pensées qui peuvent être imprécises, subjectives à travers des phrases magnifiques, parfaitement dosées, dans un style complètement épuré pour atteindre une quasi perfection. Tout est d’une très grande grâce. Il arrive à trouver les mots parfaits, pour nous décrire le plus ténu, l’indicible. C’est vraiment là sa grande spécialité, son grand talent. Pour illustrer son style et en avoir un aperçu, rien de mieux finalement qu’un extrait de ce livre: “Vers le milieu de l’après-midi, un silence s’est fait partout dans le pré. Le ciel soudain a pâli comme quelqu’un à qui on vient d’annoncer une mort. Il n’y avait plus rien. Et puis tout s’est rallumé. C’est quelque chose qui arrive très souvent, vers le milieu de l’après-midi. On ne le remarque guère. Il faut être prisonnier ou malade, ou assis devant une table, en train d’écrire, pour s’en apercevoir : l’étoffe du jour est trouée. Par les trous on voit le diable, ou, si vous préférez ce mot plus calme : le néant. Il y a un instant où le monde est laissé seul. Abandonné. C’est comme si dieu retenait son souffle. Un intervalle de néant entre deux domaines de la lumière.”. Tout le livre est de ce niveau, des textes merveilleux, de la grande poésie avec souvent beaucoup d’humanité. C’est une lecture qui pourrait presque être considérée comme salutaire, Bobin nous sort de notre quotidien, de cette vie connectée, artificielle ou tout va trop vite, pour nous montrer du doigt et nous rappeler à travers sa poésie où se trouve la vraie beauté du monde et de la vie. Elle est partout autour de nous, il suffit de regarder, la grande vie est là, à notre portée.
Créée
le 26 juil. 2024
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