La Grève
6.7
La Grève

livre de Ayn Rand (1957)

Dans une dystopie intemporelle ressemblant aux années 50 de l'Amérique, des patrons d'entreprises, des artistes et des scientifiques de talent disparaissent. Pendant ce temps, le gouvernement vote des lois contraignantes pour les entreprises et s'épuise dans les aides aux défavorisés. Privé de ses génies, miné par la corruption, la société fini par s'écrouler.


Ayn Rand défend ici le droit à la libre entreprise et dénonce vertement l'état providence et l'altruisme qu'elle considère être le "mal absolu", encourageant les profiteurs et provoquant le délitement de la société. Je reconnais que l'ouvrage est bien rédigé, un peu trop long (plus de 1300 pages) mais fluide. On est ici dans une ambiance dieselpunk intemporelle qui se prête bien aux questions de politiques économiques que pose l'auteur.


Je ne peux pas souscrire à la vision de l'auteur tendant trop vers un darwinisme social, même si je la suis sur un certain nombre de points comme la condamnation du capitalisme de copinage menant à la corruption. Je suis également d'accord sur la nécessité de valoriser les gens visionnaires et ce, dans tous les domaines (art, science, économie, industrie,...). Il est évident que le talent doit être favorisé et exalté et non étouffé par l'état ou par des principes moraux douteux. Pour autant, cette position ultra élitiste me semble fort peu réaliste et viable uniquement que dans le cadre utopique d'un roman. Car dans les faits, l'élite finit toujours pas être constituée, non pas de gens de talent, mais de mâles alpha alpha +, qui n'ont d'autres talent que d'être des sociopathes ou des prédateurs se nourrissant du sang d'autrui. Les Trump, Bolsonaro et autres Poutine, composant une partie de l'élite du monde, ne sont pas des novateurs de génie, des Laurent de Médicis faisant progresser l'humanité, mais au contraire des conservateurs meurtriers freinant l'avènement d'une ère meilleure. La libéralisation sauvage ne donne pas nécessairement l'impulsion vers une société meilleure mais vers la pérennisation des anciens schémas de domination de la caste blanche, cis-genre et normative.


Ceci étant, peut-être que Ayn Rand serait d'accord avec moi, puisque l'un de ses personnages principaux est une femme CEO, chose exceptionnelle à son époque et dans l'univers de son roman. Peut-être aurait-elle apprécié des gens comme Jeff Bezos, Elon Musk, Georges Soros, Martine Rothblatt ou d'autres figures contemporaines parfois controversées mais certainement progressistes ? Je ne suis pas un spécialiste d'Ayn Rand, donc je n'en sais rien, mais ce que je sais, c'est que le monde pour progresser à définitivement besoin de talent, de vision mais aussi d'un système qui permette et encourage chacun à donner le meilleur de lui-même. Un système qui offre à tous, quelques soient les origines ou le genre, des opportunités de réalisations et d'épanouissement dans le domaine correspondant aux aspirations les plus profondes. Peut-être que, dans la société post Covid, l'idée d'allocation universelle serait définitivement à creuser ?

LucisBlackrose
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le 6 sept. 2020

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Lucis Blackrose

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