"Surtout, souviens-toi que l'homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu'en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu'il ne te donnera pas et qu'il n'est pas d'ailleurs, en son pouvoir de te donner. L'homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens."
Nous voilà donc confrontés une fois de plus à la triste comédie d’une période « électorale ». Il faut bien dire que c’est avec un véritable dégoût que nous assistons à cette pitoyable mise en scène d’une démocratie dont chacun ressent très bien la tragique absence.
Mais qu’importe, politiciens, partis et médias de service déploient à grand frais les tréteaux de cette farce à laquelle plus personne ne peut croire raisonnablement. C’est bien ce qui rend si déplorable la persistance de ce mauvais spectacle.
Nous étions habitués de longue date au défilé des menteurs mais la corruption du système dit représentatif est désormais telle que seule la lie de l’humanité est en mesure d’accéder aux postes vraiment décisionnels : des psychopathes dont le principal talent est de savoir jouer des passions tristes et des bas instincts de leurs électorats. Ils sont les gestionnaires de la misère des peuples qui ne cachent même plus leurs liens au capitalisme le plus brutal et le plus inégalitaire.
Il ne s’agit donc plus d’unir quoique ce soit mais tout au contraire de creuser les divisions, d’accentuer les ressentiments aveugles, la haine de l’autre et de la différence pour que le grand business puisse continuer à accumuler ses profits aux dépens de tout le reste.
La réalité sociale du plus grand nombre est littéralement ignorée, méprisée, bafouée. Avec le déni permanent de ce qu’est la réalité de la vie quotidienne de tous ceux-là, la mesquinerie des conditions qui leur sont imposées, s’est installé un fatalisme social qui laisse peu présager des lendemains qui chantent.
Du fait même de cet écroulement de toute réalité démocratique, de sinistres pitres réactionnaires croient leur grand jour arrivé et plastronnent sur les écrans grâce aux financements de milliardaires eux-mêmes totalement corrompus par le pouvoir de l’argent. Déversant avec assurance les mensonges les plus grossiers sur les causes de notre malheur.
L’État, ses structures, sa bureaucratie, sa police, n’eurent jamais pour but l’épanouissement d’une société effectivement démocratique ; son rôle fut toujours d’encadrer, de réguler, de surveiller et de réprimer tout ce qui ne voulait pas se plier à l’ordre dominant quel qu’il soit.
Dans les dernières décennies, les États sont simplement devenus les bras armés du capitalisme désormais mondialisé, sous des variantes diversifiées en leurs apparences sans doute, mais toujours pour maintenir les intérêts de cet ordre là.
Quoiqu’il en coûte, comme ils disent - mais sans jamais dire à qui ni à quoi cela va en coûter en finalité.
Toutes les femmes et tous les hommes qui cherchent à prendre place au sommet de cet État par le jeu truqué des élections, et disposant des moyens d’y parvenir, savent bien ce qu’ils vont représenter et le type d’ordre qu’ils vont servir.
Voici donc résumés les éléments de cette farce qui se répète à nouveau et à laquelle, malgré ses résultats désastreux, l’on nous demande de participer.
Le politique est le choix organisationnel qui va déterminer les formes de nos vies. Visiblement ce choix organisationnel nous échappe, est décidé en dehors de nous, SANS NOUS. La démocratie, c’est à dire étymologiquement le peuple qui commande, est bel et bien absente et il nous faut nous en ré-emparer. A la base et partout. Par la seule démocratie qui fasse sens, la démocratie directe.
Le capitalisme en tant que forme organisationnelle d’une société malade est en train de nous tuer, nous et la Terre qui nous porte. Nous devons impérativement reprendre nos affaires en main, individuellement et avec tous ceux avec qui nous partageons ce monde . Avec tous ceux qui ne veulent plus de cette corruption permanente, de ces inégalités honteuses, de ces hiérarchies avilissantes qui n’ont d’autres fondements que le pouvoir de l’argent et de l’avidité qui l’accompagne.
Nous voulons retrouver la seule richesse qui vaille, celle de notre libre humanité enfin libérée de ses chaînes et bâtissant son monde.