Face à la guerre...
Si les premières pages sont souvent lourdes d'informations, c'est parce qu'en premier lieu il s'agit d'un roman historique, il n'en reste pas moins que le protagoniste prend malgré tout les devants...
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le 16 déc. 2013
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Sorti au Japon en 1978, Akira Yoshimura pointe les crimes de guerre à une époque où la société japonaise préférait oublier ce traumatisme encore bien présent dans les esprits.
Les mots choisis sont plus rudes que dans ses autres récits et accompagnent froidement le drame pour décrire ces hommes confrontés à l’horreur de la guerre, à leur éducation, à leurs choix. De manière sombre et sans autre effet littéraire que de décrire encore une fois l’adversité à laquelle l’homme est confronté, Akira Yoshimura écrit de manière toujours aussi limpide avec la rigueur du détail propre à son style.
Une réflexion sur la culpabilité en temps de guerre et rien de sensationnel ou d’horrifique dans ses descriptions, comme souvent, mais une prise de recul assez extraordinaire.
Akira Yoshimura nous parle par son héros, Kakuya Kiyohara de l’errance tant géographique pour ce jeune homme qui fuit la condamnation aux crimes de guerre et qui traversera le pays à la recherche d'un refuge. Tant intérieure, où son cheminement l’amènera à reconsidérer la guerre, la défaite et la main mise des Etats Unis sur son pays, mais aussi à accepter les pertes. La mort qu’il ne craignait pas en tant que soldat deviendra sa hantise la plus forte dans sa fuite, se retrouvant à redevenir un homme simple, cherchant à survivre, ne voyant dans ses actes que son devoir pour son pays. Un jeune homme candide dans un pays en guerre où la signature de la défaite par l'empereur signera sa perte mais aussi, son évolution psychologique.
La fuite ou l’acceptation de la sentence occupe les pensées de Kakuya. Il se retrouvera de part et d’autre rejeté par son peuple et recherché par le gouvernement américain. L’auteur ne condamne pas, et on ne saurait décrire ce jeune homme par son seul acte. C’est d’ailleurs toujours en oscillant d’une idée à l’autre que cet ouvrage marque encore la qualité humaniste de l’auteur.
Il décrira de manière toujours pointue que ce soit le travail des soldats à la surveillance, le poids de la hiérarchie ou la fierté de se battre pour son pays, nous plongeant dans les réflexions perturbées de Kakuya. Les bombardements incessants, les vols meurtriers des B-29, et les deux bombes nucléaires tuant des milliers de personnes pour évoquer en comparaison les crimes de guerre japonais d’une trentaine de soldats américains.
Tout aussi technique est la description du travail que trouvera Kakuya dans sa fuite, l’auteur prendra tout son temps, par exemple, pour nous expliquer la fabrication des allumettes, et la difficulté à survivre dans un pays qui n'a plus rien où le marché noir, la hausse des prix, la famine, la perte d'identité et autres exactions, sont la réalité d'un pays spolié.
Les paysages détruits et incendiés sont encore une fois particulièrement imagés et l'émotion se retrouve au fil des pages.
Sans nous diriger Akira Yoshimura pousse à la réflexion. On retrouve avec force ses préoccupations, la jeunesse perdue, le temps qui passe, l’oubli pour la sauvegarde, et notre capacité à nous adapter à une société et à ce qu’elle fait de nous.
L’errance, la rédemption et la réflexion de l’homme dans son environnement que l’on retrouve aussi dans Liberté conditionnelle deux des romans les plus noirs de l’auteur et particulièrement instructifs sur la société japonaise.
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Créée
le 26 déc. 2017
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