(Critique de la trilogie complète)

Vous connaissez sans doute le cycle de Dune écrit par Frank Herbert, qui comprend 6 romans, mais savez-vous que son fils Brian à pris la relève et a ajouté 17 livres à la série depuis les années 2000 (avec l’aide du coauteur Kevin J. Anderson) ? Il faut dire que si cette reprise est compréhensible commercialement, elle reste mal vue des fans qui expriment majoritairement des opinions allant de l’indifférence au mépris.

Et pourtant ce vaste développement possède deux sommets qui doivent faire de l’œil à tout passionné de la série : d’abord la duologie « Après Dune » correspondant au Dune 7 resté inachevé par Frank Herbert, puis la présente trilogie « Dune la genèse » où se trouve décrit le mythique Jihad butlérien survenu 10 000 ans avant Dune 1. Décidé à me faire mon avis sur le travail du duo Brian & Anderson, me voilà donc plongé dans « Dune la genèse ».

Le Jihad butlérien… Le Jihad butlérien ! Imaginez une guerre galactique entre hommes et machines si apocalyptique que l’usage de toute machine – ordinateurs compris – fut bannie a jamais par la suite. C’est l’événement fondateur de l’univers de Dune, celui qui voit s’instaurer la plupart des structures politiques et sociales entérinées ensuite. Un moment mythique qui, dans le cycle original, est toujours décrit avec le minimum de mots.

En 2003, fort de l’expérience acquise sur leurs trois premiers romans Duniens, Brian & Anderson se sentent prêts à s’attaquer à cette époque légendaire et s’accordent pour cela le généreux format d’une trilogie de 2500 pages.

Résultat ? « Dune la genèse » est une simple oeuvre de science-fiction grand public dans un univers générique mêlant ceux de Star Wars et de Terminator. Le monde de Dune sert uniquement de toile de fond à de nombreuses scènes d’actions et de grands moments dramatiques, et cette trilogie n’a d’autres ambitions que celles de divertir de de répondre aux attentes des fans sur les origines de la Guilde Spatiale, du Bene Gesserit ou de la rivalité Atréides-Harkonnens…

Si cette saga se laisse lire, elle souffre cependant de nombreux défauts qui l’empêche d’être un vrai divertissement de qualité. Entre la majorité des personnages manichéens jusqu’au ridicule, la quantité de péripéties invraisemblables ou inutiles, la multitude de pages tire-à-la-ligne où sont ressassés les mêmes idées, l’excès de violence gratuite et la banalité du thème majeur de la lutte contre l’oppression, cette trilogie mérite difficilement l’investissement qu’elle demande.

Et puis se pose la question de la fidélité à l’œuvre originale. Selon Brian & Anderson, 10 000 ans avant les événements de Dune 1, l’univers de Dune est une copie de Star Wars et l’histoire n’est qu’une succession de clichés. Ce manque évident d’imagination est perceptible dans d’autres oeuvres des mêmes auteurs (j’ai aussi lu la duologie « Après Dune » qui ressemble à une mauvaise fanfiction) et rend compréhensible la réaction des fans.

S’il fallait noter séparément les trois volumes, le second m’a paru le meilleur en rebattant nombre de cartes, quant au troisième il perd presque tout intérêt en présentant dès le départ une situation inévitable.

Trilogie écrite avec le minimum d’originalité et d'ambition, « Dune la genèse » est un produit éditorial entièrement conçu dans une optique de divertissement. Lisible mais dispensable.

In_the_
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le 11 nov. 2023

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