Frank Herbert a bel et bien laissé des notes qui ont permis à Brian, son fils, et au célèbre Kevin J. Anderson de décrire les prémices de la gigantesque épopée herbertienne.

Mais force est de constater que le cycle de 'Dune, La Genèse' a été plutôt mal accueilli lors de sa sortie. A raison ? Il est vrai que si le père a laissé ses notes, il n’a sûrement rien légué à son fils quant à la forme. Ainsi, Brian et Kevin ont pris quelques libertés. Il existe très peu d'inconditionnels de Dune qui, aujourd’hui, émettent une critique positive à l’égard des écrits du fils du grand Herbert. Et cela vaut pour tout ce qu’a écrit Brian dans l’univers de Dune.

Plutôt que de la reléguer au rang de très mauvais livre, j’ai voulu tout de même analyser cette œuvre qui, en tant qu’inconditionnel de Dune, m’a appelée comme s’il y avait une chance de retrouver la vraie sensation herbertienne. Et ma déception fut grande. « Evidemment ! », dirons certains. Mais si les causes de la déception à l’égard des écrits post-Dune peuvent aisément se comprendre, elles sont pourtant mal comprises. Le Dune initial est véritablement épique, immense, monumental. A ce point que je n’ose aujourd’hui en faire la critique. Lire Dune, la Genèse après avoir lu l’œuvre originale est un peu comme se pencher sur un mauvais remake d’un premier film : on ne peut qu’en sortir déçu. Dune est dense en émotion et en réflexion (politique, philosophique, psychologique, ...) alors que la « Guerre des machines » est une sorte de sous-Space Opéra dont on se demande parfois si les seuls desseins des auteurs n’étaient pas purement économiques. Mais ne soyons pas si dur avec Brian et Kevin. Qu’est-ce que ces auteurs, bien moins géniaux que l’Herbert initial, ont pu nous laisser de leurs écrits ?

Car si la déception est au rendez-vous, il serait parfaitement hypocrite, voire vulgairement conformiste, de déclarer que le roman ne nous apporte rien. Et il faut avouer que qualifier ce récit de « sous-Space opéra » est bien cruel de ma part. Non, ce roman vaut peut être plus qu’un 5/10, mais l’oeuvre herbertienne m’empêche de lui donner plus. Peut-être l’erreur réside-t-elle dans le fait d’avoir inclut dans le titre de ce livre le mot « Dune ». Car sa philosophie n’a rien à voir avec l’œuvre maitresse. Elle s’en situe parfois même à des millénaires. On ne retrouve aucunement les prouesses littéraires du père, ni la profondeur du récit dunesque initial. Néanmoins, on s’attache parfois cruellement aux personnages, que ça soit à leur impertinence, à leur beauté, à leur cruauté où à la profondeur de leur âme. C’est, selon moi, la force du récit. Rien à voir avec ceux de Frank Herbert, bien sûr. Mais il faut reconnaitre à son fils le mérite d’avoir développé des personnalités ne lui appartenant pas d’emblée. Ces gens sont réellement touchants, et ils sont nombreux. Trop, peut-être, pour assurer une vrai cohérence entre tous les chapitres du livre. En fait, le dualisme d’auteurs se ressent. Selon moi, Brian Herbert et Kevin J. Anderson n’ont pas réussi ce pari de la fusion d’écrire d’une seule main.

Si le roman a de quoi décevoir, c’est parce qu’il est généralement lu par de fervents adeptes de Dune. Or, à le prendre comme un récit à part, il ne s'en sort pas aussi mal que comme prélude à Dune. Je serais curieux de lire ce qu’à fait Brian Herbert hors de Dune. Pour les lecteurs novices de SF, ce roman est loin d’être une blague. C’est sûrement à eux qu’ils s’adressent et c’est précisément ce que les fans de Dune ne comprennent pas. Si Dune, la Genèse a un mérite indéniable, c’est bien de permettre à celui qui le lit avant Dune, d’avoir un plaisir immense à découvrir par la suite les écrits du grand Herbert. Dune, la Genèse, doit se lire avant le Dune initial, foi de freemen.

Pour conclure sur la conclusion : la fin est peu surprenante. Ce n’est pas grâce au scénario mais bien quant aux personnages que les derniers mots du roman sonneront juste.
Biohazardboy
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le 6 oct. 2013

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