Si La guerre du pavot a attiré mon regard dès sa parution, sa quatrième de couverture a suscité un intérêt certain. Rapidement acquis, il s'est alors hissé sur la haut de mon immense pile à lire. Je l'ai rapidement dévoré, en dépit de quelques réserves d'importance.
Premier roman de R. F. Kuang, ce récit initiatique offre de nombreux attraits qui m'ont séduit d'entrée : jeune héroïne au passé mystérieux, apprentissage dans une école d'élite, conflit militaire mâtiné d'arts martiaux et de magie dans un monde d'essence asiatique. Plusieurs points m'ont également un peu échaudé d'emblée : carte en début de livre très sommaire manifestement (et médiocrement) inspirée de la Chine et du Japon, utilisation ponctuelle d'un vocabulaire contemporain dans une époque censée appartenir à un monde orientalo-médiéval fantastique (en particulier les injures que l'on croirait sortir de la bouche d'un ado).
Ces quelques écueils mis de côté, j'ai pu entamer avec une vive satisfaction la lecture facile de ce roman. La première tranche de l'histoire, dédiée à l'apprentissage, s'avère jubilatoire et l'effet du pavot fait décoller le lecteur. Sans égaler, comme l'évoque l'éditeur, "les meilleures pages de Harry Potter", les étapes de progression de l'héroïne sont vraiment plaisantes à suivre.
La seconde partie, qui se concentre sur le conflit, tend à s'enliser un peu et perd légèrement de son souffle enivrant par moments.
Le troisième tiers sombre de plus en plus dans une transe chamanique qui aurait mal tourné, un peu à l'instar de l'héroïne, comme si l'auteure ne savait trop plus trop vers où se diriger. L'épilogue pourra à cet égard surprendre car il est bien peu convenu. Ce qui pourrait être un avantage indéniable, pour les habitués de récits fantastiques, se révèle une déception relative.
Il n'en reste pas moins que ce roman pose la question de la relation au divin, la part du relationnel par rapport au spirituel, ce qui fait de l'humanité ce qu'elle est et comment naissent les crimes de guerre. Nonobstant, toutes ces questions sont abordées de façon brouillonne et laissent davantage subsister de frustration que de stimulation intellectuelle.
Ce premier ouvrage révèle le potentiel de l'auteure mais celui-ci est encore loin d'être pleinement exploité. Ce roman s'avère stupéfiant mais malheureusement davantage par son côté fumeux.