Et si on parlait d’un vieux classique ? Du genre à avoir gagné trois prix (Hugo, Nebula et Locus) au milieu des années 70 ? Allez, je vous présente Joe Haldeman, vétéran du Vietnam et écrivain de science-fiction (entre autres). Son classique s’appelle La guerre éternelle, et ça donne déjà une idée de l’ambiance.

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes en 1997 et qu’il est maintenant possible de franchir d’immenses distances à travers l’espace en peu de temps, grâce à une technologie compliquée qu’il est inutile de décrire ici. La mauvaise nouvelle, c’est que la Terre est en guerre. Contre qui ? Contre les Taurans, une race extraterrestre que personne n’a jamais aperçue mais jugée coupable d’avoir détruit quelques vaisseaux terriens partis vadrouiller dans la constellation du Taureau.

Engagé dans « l’Armée d’exploration des Nations unies » comme une bonne partie des « élites » de la planète, le soldat Mandella, un jeune et brillant physicien, raconte patiemment et avec moult détails son difficile quotidien de conscrit face à un ennemi inconnu. Pour ne rien arranger, un paramètre supplémentaire entre en jeu : la relativité. En parcourant de telles distances en un rien de temps, quelques semaines sur le « front » deviennent des années voire des décennies du point de vue de la Terre. D’où une guerre longue, très très longue, dans laquelle chaque camp est incapable d’anticiper l’avancée technologique de l’autre. Quant au retour éventuel des soldats à la vie civile, il risque également de poser un problème de taille.

Passées les premières pages assez arides, l’histoire accroche rapidement le lecteur. Cette efficacité est en grande partie dû au ton adopté : Mandella n’a pas envie d’être là, il n’est pas convaincu que cela serve à quoi que ce soit mais n’a pas spécialement envie de mourir non plus. Du coup, il tient le coup et prend de la bouteille sans pour autant perdre de son cynisme vis-à-vis d’une armée qui change en surface mais reste la même sur le fond. Il arrive par contre que le livre accuse le poids des ans lorsqu’il s’aventure sur le terrain de l’anticipation sociale, mais ces passages ont le bon goût de ne pas prendre plus de place que nécessaire pour laisser place à l’essentiel, à savoir les considérations sur la carrière militaire du soldat Mandella. Paradoxalement, avec ses 282 pages dans sa traduction française, le livre est même plutôt court.

La guerre éternelle est donc un pur produit de son époque, qui fête ses quarante ans cette année mais n’a pas perdu grand-chose de sa pertinence. La guerre y est décrite dans sa plus grande cruauté (en treillis ou en scaphandre, ça ne change finalement pas grand chose), et l’expérience de Joe Haldeman dans l’armée américaine n’y est évidemment pas étrangère. On devine également qu’il n’y a pas particulièrement passé un bon moment. En tout cas, je signe pour que chaque vétéran règle ses comptes avec l’armée de cette façon.
Nonivuniconnu
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le 20 sept. 2014

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