C'est le second livre que je découvre cette année de Svetlana Alexievitch. Après avoir lu La Supplication qui donnait la parole à des gens qui avaient été touchés par Tchernobyl, La Guerre n'a pas un visage de femme est un ensemble de témoignages de femmes, ayant combattu en 40-45 dans l'armée soviétique ou en tant que partisane.
La femme est très souvent oubliée dans cette guerre et son rôle n'a pas été de seulement pleurer un mari parti au combat, s'inquiéter pour un enfant perdu dans un champ de bataille au loin ou de remplacer les mains masculines dans les champs et les usines. En URSS, la femme a eu un rôle actif que ce soit en tant que partisane, infirmière, chirurgienne mais aussi dans des métiers de guerre les menant en première ligne.
Alexievitch donne ainsi la parole à des femmes qui racontent leur guerre, comment elles ont vécu les événements à travers différents thèmes: l'amour, la mort, la violence des combats, la perte, etc. C'est tout simplement incroyable la diversité des témoignages et cela donne aussi un aperçu impressionnant, dur, violent, loin de nombreux clichés et d'un regard uniquement masculin de ce qu'est la guerre.
Car la sensibilité d'une femme est bien différente à celle d'un homme. Et c'est aussi cette sensibilité que l'écrivaine retransmet parfaitement. Un livre qui me semble extrêmement important car il montre ce qu'est la guerre, il permet d'entrevoir ce que l'homme peut faire de monstrueux, les conditions de vie épouvantable de ceux qui ont participé aux combats ou non.
Alexievitch retranscrit également parfaitement les différentes opinions, avis, sensibilités des femmes qu'elle interviewe. Elle permet aussi de bien saisir ce qu'était l'esprit soviétique de l'époque. La guerre a été effarante, dure et a causé énormément de souffrances à ces femmes.
Rares sont les livres à donner la parole aux femmes qui ont fait la guerre. Encore plus rares sont ceux à atteindre un tel niveau de qualité.