« Les femmes soviétiques ont rendu des services inappréciables à la défense nationale. Elles travaillent avec abnégation pour le front ; elles supportent courageusement toutes les difficultés du temps guerre ; elles enflamment pour des actions d’éclat les combattants de l’Armée rouge, les libérateurs de notre Patrie. » (Staline, 1 mai 1944)
Au pays des Soviets, les femmes devraient être des soldats comme les autres. Alors que dans toutes les autres armées, elles ne sont qu’infirmières ou cantinières, ici en URSS les femmes sont parfois tireurs d’élite, tankistes, ou artilleurs, mais également médecins ou mécaniciennes. Svetlana Alexievitch s’est intéressée, en 1985, à toutes ces femmes qui ont été oubliées de la grande histoire, et qui ont dû dissimuler leur passé militaire après la Victoire.
Parce que c’est le grand enseignement de ce livre : malgré le communisme, malgré la proclamation de l’égalité entre hommes et femmes dans la Constitution de l’URSS ... rien n’y fait, la société russe des années 40 reste profondément machiste. Tous les témoignages expriment le même sentiment d’incompréhension, de rage, et de dépit : les filles voulaient défendre la Patrie, mais on leur refuse l’accès au front, on ne leur propose que de coudre des uniformes. Une fois revenues de la guerre, alors que les hommes paradent fièrement, les femmes devront cacher leurs décorations militaires, et oublier qu’elles avaient servi dans l’armée. C’est parce que le silence leur a été imposé pendant quarante ans, que ces femmes ont tellement de souvenirs à évoquer.
C’est un livre poignant, sincère, à vous émouvoir aux larmes.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.