L'idée de départ de "La Guerre olympique" fait froid dans le dos. Les dirigeants mondiaux se sont mis d'accord pour parer à différents besoins de leurs nations et de nos sociétés (nous sommes ici en 2222) de manière radicale en utilisant comme à l'époque romaine le jeu pour amuser le peuple. Voici maintenant 12 ans que le conflit international planétaire existe et cette guerre olympique semble être le remède à tous les maux.
Avec la Guerre olympique, plus de problème de surpopulation carcérale, plus de surpopulation tout court d'ailleurs puisque les lois se sont endurcies et deux fois rien peut faire de vous un délinquant. J'utilise ici sciemment la deuxième personne du pluriel car les citoyens présents dans ce roman pourraient très bien être nous dans quelques années tant la folie des hommes et de nos dirigeants peut s'avérer borderline par moment. Heureusement, ici il n'est question que de fiction mais l'identification est aisée.
La Guerre olympique est aussi le moyen de réduire les masses au silence, à l'abnégation mais aussi et surtout de les abrutir à coup de jeux morbides. Le jeu, l'opium du peuple, comme dirait l'autre. C'est ainsi que tous les 2 ans une gigantesque tuerie à plusieurs niveaux à lieu dans le monde. Deux camps participent à ces jeux: le camp blanc composé des Etats et nations de la Confédération libérale, soit l'Eurobloc, l'American group, le Bloc unifié d'Amérique du Sud et l'archipel japonais, et le camp rouge, celui des Etats et nations de la Fédération socialo-communiste, autrement dit l'Union des Républiques Socialistes, le Bloc asiatique, l'Union socialiste arabe et la Fédération africaine. Au total 150 nations de la planète sont prêtes à se bastonner pour leur honneur et leur survie.
Au premier niveau de ce bain de sang, des athlètes participent aux jeux proprement dit. Après une compétition acharnée, si ils passent la sélection, ils sont sacrés "héros". C'est le cas de Pietro Coggio, redoutable boxeur français, que nous suivons dans ce roman. C'est lui qui sera en première ligne avec 9 autres héros du camp blanc, prêts à en découdre face au camp rouge et ses 21 héros, lors de l'épreuve tant attendue du Grand Parcours des Héros. De l'issue de ce combat final dépendra la vie de millions de personnes. En effet, chaque défaite (et donc chaque mort d'athlète) d'un des deux camps entraîne la mort immédiate et indolore de citoyens délinquants dans le camp des perdants. Ces derniers, équipés d'une puce dans le crâne, tombent ainsi comme des mouches. A l'issue des épreuves consécutives de 600m/pièges, haltérophilie, lancé de haches, pugilat, moto-glace, tir à l'arc et enfin 30m/course à pied version hardcore où tous les coups sont permis et où les conditions sont poussées à leur paroxysme, un seul héros survivra, dopé jusqu'aux yeux et surentraîné pour aller au bout de ses forces et ainsi assouvir la soif malsaine de millions de téléspectateurs.
Nous suivons également Mager Cszorblovski, citoyen délinquant rouge et Yanni Bog, blanc, pendus aux écrans géants leurs annonçant leur mort imminente. L'angoisse poussée dans ses derniers retranchements, la soif de vivre et la résignation, ces deux personnages vont passer par tous les stades et vont choisir deux façons différentes de survivre dans cette "téléréalité" macabre. Autour d'eux gravitent journalistes, citoyens "honnêtes", familles et amis et c'est une vraie étude sociologique que nous propose Pierre Pelot. On termine cette lecture écoeuré... Ecoeuré par la violence des actes et des idées et écoeuré par l'Homme et ce qu'il est capable de faire.
"La 12ème Guerre olympique compterait un minimum de 9 millions de victimes. C'était prévu, calculé."
"La Guerre olympique" est un roman qui met un grand coup dans la tronche dans tous les sens du terme et qui brille par son réalisme et sa critique politique sous-jacente. Un roman à lire!