« Par hasard la fin du monde a commencé sous ma fenêtre ». Quelle première phrase de roman se trouve être plus accrocheuse ? Et Alan Fleischer a le don de nous intriguer avec un récit en 4 temps où musique et atrocités semblent se donner le la. Qu’il s’agisse de ce mystérieux mal qui touche la population, de déportés et de leurs tortionnaires, des vicissitudes de notre présent ou d’un futur tout aussi noir, c’est l’horreur qui sourd constamment et l’homme qui temporise avec ses propres instruments, courageusement, avec un secret espoir d’un meilleur à venir. Fleischer livre ici un roman dense, touffu et parfois complexe dans sa lecture. Ses phrases constamment digressives font parfois perdre le fil du récit, venant en altérer l’essence. Il n’en reste pas moins que la plume est savoureuse, il en découle l’érudition de son auteur mise au service d’une œuvre profonde, grave, s’interrogeant, et le lecteur par la même occasion, sur les tenants d’une liberté si dure à acquérir, si difficile à préserver et surtout le courage de l’homme se battant pour son intégrité quelques soient les épreuves traversées. Cette partition à multiples rebondissements temporels et humains, passe d’un tempo où légèreté et la truculence dominent, à des sonorités beaucoup plus graves qui résonnent méchamment dans notre cœur. Une curiosité !