Là-haut vers le nord par Yeahmister
J'avais jugé ce recueil de nouvelles un peu précipitamment, d'autant qu'en découvrant sa biographie, je m'aperçois à quel point certaines nouvelles font parfaitement écho à l'enfance de Boyden : natif de l'Ontario, il est canadien et a des ancêtres Cree, il vit un moment dans la rue, il jouera même dans un groupe de punk. Découvert sur le tard, bien après le fabuleux “The Orenda” (je n'aime pas du tout le titre français), si dans l'ensemble “Là-haut vers le Nord” est parfois inégal, il n'en demeure pas moins passionnant et surtout, le meilleur est à la fin. En effet, les quatre dernières nouvelles : NORD : RETOUR* raconte à peu près la même histoire mais d'un point de vue différent : dans une réserve isolée, une famille Cree se retrouve après le suicide d'un des leurs et s'opposent au père Jimmy (aumônier porté sur la bouteille) sur le choix des funérailles : indiennes ou chrétiennes. Boyden fait le choix (habile) de faire communiquer ces quatre nouvelles, chacune étant le récit d'un protagoniste différent. A part le prêtre, se sont tous les membres d'une même famille : les Cheechoo. Ce procédé littéraire devait trotter dans la tête de Boyden car des années plus tard, c'est de la même façon qu'il va relater l'incroyable histoire de “The Orenda” (rebaptisé “Dans le grand cercle du monde”) en passant d'un personnage à l'autre : Oiseau (le guerrier huron), corbeau (le jésuite) et la jeune captive Iroquoise qui deviendra la fille de Oiseau. L'évangélisation forcée de ces sauvages par les jésuites et ses conséquences désastreuses - en plus d'une extermination par les colons - c'est bien la disparition progressive de leur culture qui constitue l'enjeu principal de l'œuvre de Joseph Boyden. Espérons que l'adaptation en mini-séries de cette œuvre remarquable par Robert Redford soit à la hauteur de l'œuvre de Boyden.
* Joe Cul-de-Jatte contre la Robe Noire / White-Spirit / Les enfants de Dieu / Le Vieux