Ce roman est tout aussi envoûtant, apaisant, brillant, simple et fascinant que le tableau éponyme de Vermeer. Tracy Chevalier raconte comment serait né ce tableau, en faisant raconter l'histoire par le modèle présumé, une jeune servante, Griet, placée car son père, artiste lui aussi, a perdu la vue. Bien sûr, c'est de la fiction, mais apparemment l'auteur s'est basé sur des éléments réels de la vie de Vermeer, du moins ce qu'on en connaît (sa biographie reste assez mystérieuse et ses tableaux n'ont connu la gloire que tardivement).
Cette plongée dans les années 1660 aux Pays-Bas (où catholiques et protestants se côtoyaient bizarrement mais pacifiquement) s'accompagne d'une immersion dans la vie quotidienne présumée d'un artiste talentueux, mais renfermé, secret, humain et froid à la fois. On partage, en tant que lecteur, la fascination de Griet. Le quotidien difficile de la jeune fille, son entrée dans l'âge adulte, font un on contrepoint à l'histoire centrale, celle du fameux tableau.
Le texte est d'une pureté agréable.
Il se dégage de cette lecture à la fois sérénité et cruelle véracité, il en reste un souvenir légèrement brillant, comme la perle de l'oreille gauche de Griet : pas scintillant mais plutôt reflétant quelque chose, une lumière secrète, celle du talent et de l'art.