Lu en Juin 2021. Ed. Folio 7/10
Mon deuxième Ionesco, un peu après avoir lu La Cantatrice Chauve que j’avais adoré. Quelqu’un qui l’a vu au théâtre m’avait dit toute son admiration pour cette pièce. Personnellement, je suis un peu déçu de ma lecture.
Après l’absurde purement langagier et réellement hilarant de La Cantatrice (Une anti-pièce!), ici l’humour me semble plus difficile à appréhender. Certes il y a le comique de répétition, les personnages qui ne s’écoutent pas entre eux.
Mais je ressens dans cette œuvre un fond extrêmement lourd à porter. Le professeur m’est apparu immédiatement comme un homme au moins louche et donc pire que ça, sa relation avec l’élève est malsaine au possible dès le début. Quelque soit l’interprétation qu’on peut faire de la pièce, ce n’est pas léger.
Moi j’y ai d’abord vu un prétexte de 50 pages pour la seule fin, synonyme de la folie meurtrière nazie qui se cherche des justifications, non respect de l’endoctrinement = mauvais élève = mort. Mais probablement qu’on peut y voir une critique de l’éducation et du partage. Le professeur dans sa logorrhée ne dit pas des choses aussi exactes et certaines que ce qu’il voudrait imposer. Ainsi, finalement, la mort de l’élève et des 39 précédentes serait métaphorique de la mort de l’esprit critique. 40 petits moutons condamnés à la pensée unique en une seule journée, cela épuise son professeur et la bonne tient un double discours de l’état totalitaire envers ses représentants de l’éducation et la réalité autoritaire qu’elle cache derrière.
Ou peut-être encore que toutes ces interprétations sont fumeuses et que Ionesco ne cherche rien à montrer, il se sert simplement de l’absurde comme moyen de défense pour alléger la réalité lourde qui a posé dans son histoire et dans l’histoire de son époque (1952).
Toujours est il que le sérieux et le tragique de l’œuvre m’a fait moins l’apprécier que la précédente, peut-être parce que je m’attendais pas à ça.