On retrouve dans La leçon les procédés habituels utilisés par Eugène Ionesco, c'est à dire l'absurde, l'ironie et un sens critique de la société.
Ici l'enseignement, ses méthodes, ses règles et sa logique sont pris pour cible par l'auteur de façon burlesque. On y trouve un vieux professeur dont le ton va changer au fur et à mesure que sa patience va être mise à rude épreuve. Il va essayer d'enseigner la logique arithmétique à une élève plutôt concentrée sur sa mémoire, puis la philologie... qui se révèlera totalement absurde et grotesque.
Le changement se perçoit aussi aisément à travers la jeune élève qui passe du statut de jeune prodige touche à tout à celui d'écolière fatiguée, malléable et absorbant tant bien que mal la leçon de son vieil enseignant.
Ces variations très progressives et continues, marquées toutefois par les interventions de la bonne, sont la grande force de cette pièce qui n'hésite pas non plus à lorgner vers la perversité des liens professeur/élève (soulignée par l'écart d'âge important entre les deux protagonistes). Dommage qu'il n'y ait pas plus de remarques acides (mais drôles) sur ce sujet toutefois assez sensible et choquant.
Voilà en tous cas une œuvre amusante, facile à comprendre et pourtant subtile dans son propos, caractérisée par une unité de lieu et de temps et par un nombre de personnages extrêmement restreint.