Un professeur donne un cours particulier à une jeune étudiante. Initialement, tout semble normal, et petit à petit, la leçon va prendre un chemin inattendu...
C'est impressionnant comment une intrigue de cette simplicité a pu donner une pièce tout à fait honorable, même très bonne selon moi, grâce au verbe génial d'Ionesco. Je m'explique : la situation physique le long de la pièce n'évolue pas (sauf à la toute fin) ; le professeur est face à l'élève et lui donne cours. Tout tient dans le texte, par un humour absurde très réussi. Des jeux de mots, des répliques inversées, du simple comique de répétition, Ionesco a plus d'un tour dans son sac pour déclencher le rire. L'humour est très simplet en réalité, rendant la pièce d'autant plus forte qu'elle va prendre une dimension très glauque au fur et à mesure. En effet, petit à petit la leçon prend une tournure assez malsaine, et la personnalité réelle du professeur se révèle. On a donc un contraste assez remarquable entre le malaise que l'on peut ressentir pendant ce cours devenant anormal et l'humour primaire qui ne faiblira pas quant à lui, même quand le bizarre voire l'effroyable sera à son paroxysme. Comme si le texte lui-même ignorait la situation, le décalage est parfaitement rendu, et la progression de la pièce fonctionne par ailleurs très bien.
La Leçon est une autre des pièces réussies d'Ionesco, mêlant un aspect comique et un aspect sombre d'une main de maître. J'en conseille fortement la lecture.