Publiée en 1902, cette "Leçon d'amour dans un parc" fit scandale, ce qui porte à sourire avec indulgence aujourd'hui. de la même manière qu'on plonge dans un univers animé dans "Mary Poppins", ici, on plonge dans un tableau de Watteau avec toute la sensualité pastorale d'un XVIIIème siècle fantasmé et poétisé, entre libertinage et codes moraux.
Dans un esprit de dandysme au charme sophistiqué, René Boylesve prévient son lecteur dès le premier chapitre : il s'agit bien d'un conte libre dont l'auteur revendique la fantaisie et les "débordements".
Ninon est une jolie marquise, de celles figurées en bergères en biscuit de Sèvres. Son époux et elle hébergent en leur château des bords de Loire une foule de familiers, plus parasites que courtisans, et les moeurs de la maisonnée sont galantes à défaut d'être réellement dépravées.
Avec une bonne dose de ce qu'on pourrait désigner comme un "humour mondain", l'auteur brosse à grands traits une sorte de Vaudeville dans un décor digne du "Roi et l'oiseau". Mi conte-philosophie, mi satire sociale, "La leçon d'amour dans un parc" est en réalité une scène sur laquelle se joue avec beaucoup de complaisance la comédie humaine du sentiment amoureux. Rien de scandaleux entre ces pages une fois oublié le contexte bourgeois de la Belle-Epoque mais une simple fable qui prête à sourire et qui peut être rapprochée du film "Le libertin" de Gabriel Aghion.
Divertissant mais loin d'être inoubliable.