Hans Blumenberg n'est plus à présenter ; rappelons pourtant qu'il est le disciple et l'héritier de Husserl, penseur magistral et fondamental de la phénoménologie, et qu'il étend la question phénoménologique à deux principes collectifs : le mythe et la société. Si ''La raison du mythe'' fonde en quelques sortes une science du mythologue, ''La légitimé des temps modernes'' campe une pensée rigoureuse et fondamentale qui sert au reste de socle à tous les penseurs de la post et de l'hypermodernité.
Au fond, il est à peu près impossible de produire un ''avis'' utile ou constructif sur ce travail de toute une vie, point d'acmée d'une pensée extrêmement puissante dont la traduction des oeuvres de Hans Blumenberg ne commence qu'à peine à nous donner l'idée. Il y a d'excellentes choses dans ce texte, et aucune de médiocre, soit qu'on choisisse de le lire comme une bible, in libro veritas (le proverbe disait ''in VINO veritas'', mais bon, tordons le cou au latin, le texte original est en allemand de toute façon), soit qu'on le lise comme Nietzsche dit que l'on doit philosopher : par petites gorgées. Il est coûteux, il est lourd (physiquement, il dépasse le kilogramme) mais c'est une oeuvre philosophique majeure de la post-modernité. Tout en ayant le grand avantage de n'être pas de la philosophie analytique (Ricoeur) ou abstraite (Lévinas). C'est tout à fait accessible au non-philosophe de formation, comme du Kierkegaard, mais peut-être en plus touffu, et moins lyrique.