La Madone du futur par BibliOrnitho
Le narrateur (dont on ignore le nom) est un américain en vacances longue durée. Un riche bourgeois qui n’a pas besoin de s’esquinter les mains à travailler pour avoir de quoi vivre – personnage récurrent dans l’œuvre de Henry James. Cet homme, amoureux des arts, arrive à Florence et ne peut attendre le lendemain avant d’en découvrir les premiers trésors architecturaux. Aussi, au lieu de se mettre au lit, sort-il nuitamment pour pénétrer l’ambiance de la célèbre cité toscane.
C’est sur un place de la ville qu’il rencontre Theobald, un artiste qui passe énormément de temps à déambuler dans les musées et dans la rue à s’imprégner de l’atmosphère artistique. Savoir qu’il ingurgite et digère pour le synthétiser à la surface d’une toile sur laquelle il dit travailler : une madone (un genre passé de mode). L’homme est érudit et parle du beau, de l’esthétique en connaisseur. Le narrateur est vivement impressionné mais ne parviendra jamais à pénétrer dans l’atelier du peintre et moins encore à contempler l’une de ses créations.
C’est que l’homme, découvre-t-il, n’est jamais parvenu à coucher ses idées sur un support quelconque. De son propre aveu, l’homme possède le cerveau de Raphaël mais non sa main. La fameuse madone n’existe nulle part ailleurs que dans la tête de son inventeur. Elle est si belle que l’artiste reste des heures devant son chevalet, incapable d’apposer le premier coup de pinceaux.
Un très beau texte, émaillé toutefois de quelques passages plus délicats quand Theobald enchaine les tirades artistiques.