Une fille perdue. Il ne s'agit malheureusement pas d'un jugement sur la prostitution, mais une interrogation sur le parcours d'une jeune femme qui a finalement défini sa vie, hier autour de ses multiples amants, aujourd'hui de ses clients... Plus qu'un livre sur la sexualité ou les anecdotes de la vie de prostituées à Berlin, c'est un objet marketing dont l'objectif est de faire "un coup" à la rentrée littéraire de septembre = quelle recette pour se démarquer et faire parler de soi parmi les centaines de romans publiés ? Prendre une fille de la bourgeoise catholique + elle se prostitue volontairement par appât du gain + rajouter une pincée de SM et d'histoires glauques, de filles perdues... Mais est-ce un roman ? Une autobiographie ? Un reportage... Aucun des trois. Quant au style, il me laisse pantois. Il s'agit d'une succession de descriptions des lieux, de comparaison de maisons closes, de la chance de pouvoir être baisée par n'importe qui pendant cinq à onze heures et de réflexion après coup histoire d'intellectualiser cette vie bien triste. L'auteur se couvre d'une cape littéraire et le prétexte originel d'une enquête journalistique histoire de se retrouver une certaine pureté. Le père est évoqué en une ligne sibylline, sa mère totalement absente, leurs réactions à tous deux inexistantes (quel parent n'interviendrait pas sachant sa fille se prostituer plusieurs années à Berlin ?), et les sœurs cadettes me sidèrent: elles semblent avoir vécues ensemble à Berlin et prendre avec philosophie la prostitution de leur aînée. Que c'est étrange ! In fine, elle ne rend pas service aux prostituées ni au roman, sans parler du danger d'angéliser la vie des prostituées auprès des jeunes lectrices. Quelle triste époque !