La maison des amazones est la suite immédiate de la chaîne brisée qui mettait en scène Magda Lorne, agent de renseignement terrien née sur ténébreuse et Jaëlle, orpheline native des villes sèches devenue renonçante.
Ce récit narre les trajectoires singulières de ces deux femmes, toutes deux parvenues amazones par des chemins ô combien différents. Le lecteur va pouvoir suivre le quotidien de Magda, appelée Margali par ses soeurs, qui doit opérer son temps de réclusion réglementaire au sein de la maison des renonçantes de Thendara. Parallèlement, Jaëlle a accepté de remplacer sa sœur de serment dans ses tâches au sein de la zone terrienne. Cela lui permet de vivre avec Peter, terrien agent de renseignement lui aussi, qu'elle a épousé pour un an.


Ce tome, nous invitant à suivre les réflexions féministes de toutes ces renonçantes, se situe clairement davantage dans un registre psychologique et engagé que dans l'action de scènes échevelées. Marion Zimmer Bradley avait déjà fait part de ses idées progressistes en matière d'émancipation de la femme dans un milieu patriarcal dans ses opus précédents. Elle va encore plus loin ici en abordant la question de la sororité et du saphisme. Hors du mâle, tout devient possible pourrait être l'adage de ces amazones dans ce monde socialement archaïque. Mais l'empire terrien qui pourrait être érigé en parangon de vertu est loin d'être la panacée en matière de relation hommes femmes. Au cœur de cette modernité technologique se nichent encore des reliefs de machisme possessif.
La première partie de ce récit s'étire tranquillement, oscillant entre réflexion, au sein des renonçantes qui entourent Magda, sur la place de la femme dans la société et le cheminement intérieur de Jaëlle, follement amoureuse de l'homme qu'elle a choisi mais qui semble tisser des chaînes invisibles autour de son épouse. Côté politique, le lecteur déplore l'attitude pas toujours diplomatique de la part de certains terriens, en particulier le coordinateur, vis-à-vis des us de ce monde.
Au fur et à mesure que se dévident les histoires entre tous ces protagonistes, les sentiments se font plus forts : amour, jalousie, passion, colère, haine... autant d'excès qui rendent de plus en plus passionnant ce récit jusqu'au moment où le lecteur peut découvrir, à l'instar des héroïnes dont il suit les trajectoires, ce qui unit intimement chacune de ces femmes. C'est fort et très beau, clôturant ainsi de magnifique façon cette partie du cheminement millénaire des humains sur Ténébreuse. Un voyage bien loin d'être achevé.

Apostille
8
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le 26 avr. 2021

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