D'abord j'ai été scotché, lisant de suite Les profondeurs de Vénus et Le Magicien quantique : wouahh ! De la Hard SF, se payant le luxe (le travail) de naviguer des domaines de la science nettement différents (le bio-physico-chimique de la planétologie et de Vénus d'une part ; le quantico-cosmique du micro et du macro + transhumanité d'autre part).
Surtout : à la différence de ce qu'on peut reprocher, dans le genre, à Liu Cixin et KS Robinson (= une pâte boursoufflée où le Hard se mêle très mal au rythme/aux besoins narratifs et une légère impression du "je déballe mes fiches de lecture"), l'équilibre délicat du genre était vraiment remarquable.
Même si le chapitre intro des Profondeurs est un repoussoir, que les "quebec-ismes" caricaturaux, exotisants, de ce Canadien anglophone qui n'a pas l'air à l'aise en français frisent constamment le ridicule... et si une micro-tentance narrative ne s'esquissait, inquiétante.
Hélas : elle explose dans la Maison des Saints qui est un pur désastre.
Künsken, qui se prend pour Asimov (on a son plan d'écriture des cinquante prochaines années, comme un lycéen a son plan de dissertation. Plan politico-cosmique, où vont s'interconnecter les deux séries), abandonne le sérieux "Hard" pour donner lourdement dans ce que la vilaine droite républicaine US nommerait sans doute du "wokisme". Et là, pardon pour ses louables incursions intégratives LGBTQ-esques (pas si fréquentes en SF, pudibonde, a-sexuelle et hétéronormée) pleines de bonne volonté dégoulinante, mais le talent d'écriture psychoaffectif de l'auteur, son sens du dialogue entre les personnages, ses schémas familiaux larmoyants (petits standards psychothérapeutiques de manuel croisés de telenovela) sont au niveau Zéro Kelvin. Eprouvants à lire, entre deux "tabernacles"...
Atroce. A vous dégoûter de poursuivre.
On peut penser que, comme les chanteurs et chanteuses d'opéra brillants trop vite surexploités et usés par un impressario avide, Künsken a un mauvais éditeur ou un mauvais publisher. Soit il le pressure pour lui demander de pondre deux fois 500 pages par an, soit il n'ose pas lui dire que sa copie est (devenue) mauvaise.
Affaire à suivre ? Ou c'est déjà fini ?