En 2022, les éditions du Belial publiaient « La Millième Nuit » d’Alastair Reynolds, court récit d’environ 150 pages qui offrait l’occasion de découvrir un univers riche et foisonnant d’idées. On y suivait les évènements se passant durant une réunion des membres de la lignée Gentiane, une lignée de 1000 êtres issus d’une "ancêtre" commune et se réunissant à intervalles régulier pour partager les résultat de leur exploration interstellaire. En 150 pages, Alastair Reynolds réussissait à développer un récit ambitieux et prenant avec un univers cohérent et des personnages attachants


Deux années plus tard, avec la publication en français de « la Maison des Soleils ». c’est l’occasion de se replonger dans cet univers et de retrouver certains des héros de « La Millième Nuit », sur un format nettement plus imposant (environ 500 pages bien chargées).

Dans ce roman, les membres de la lignée Gentiane se retrouvent en bien mauvaise posture, attaqués par surprise à l'endroit où devaient se tenir les retrouvailles entre tous les membres...


Alors, est-ce qu’on retrouve les qualités de la première publication dans ce roman ? En un mot : oui !


Dans une approche générale, la Maison des Soleils est un véritable modèle de space-opera : exploration spatiale, vaisseaux, batailles, humains, robots, mélange de civilisations, complot…tous les principaux ingrédients sont là. Mais c’est surtout un space-opera avec tout ce que l’imagination d’un astrophysicien tel qu’Alastair Reynolds peut y apporter : digue stellaire, relativité temporelle, géographie spatiale, trou de ver, armes technologiques et autres concepts plus ou moins crédibles sont mis au service de récit sans retenue.


On est bien sur un pur livre de science-fiction qui n’a pas peur de faire dans la démesure, d’étendre ses enjeux sur des millions d’années et sur des distances inimaginables, avec des vaisseaux gigantesques, des structures hors normes et des personnages à l’âge canonique. Il en résulte un vrai plaisir de lecture, avec une histoire rythmée, pleine de rebondissements, avec des moments de tension, mais aussi des moments d'émotions.

Les quelques paragraphes décrivant les funérailles de Cyphel figurent à ce titre dans ce que j'ai pu lire de plus beau dans le genre. La poésie et la mélancolie qui s'en dégagent sont un cadeau rare en littérature SF.

Il faut néanmoins s'accrocher pour se lancer dans l'aventure et pouvoir véritablement enchaîner les pages sans sourciller.

Les premiers chapitres sont denses, avec beaucoup d'informations et de termes propres à cet univers à assimiler. En outre, ne se reposant pas uniquement sur la démesure de son espace-temps, La Maison des Soleils fait intervenir une galerie de personnages hauts en couleur (notamment Purslane et Campion, déjà présents dans La Millième Nuit), ce qui demande parfois d'être bien concentré pour ne pas perdre le fil.


Derrière une apparence de simple space opera, La Maison des Soleils construit une trame narrative ayant pour toile de fond des thèmes aussi divers et forts que la naissance et de la chute des civilisations, la dualité organique-robotique, la meta-humanité, l'amitié et la rivalité ou encore le devoir de mémoire. S'il y a quelques facilités scénaristiques...

L'impossibilité pour Hespéros de reprendre contrôle sur l'intégralité des fonctions d'Ailes d'Argent tombe opportunément bien pour le scénario par exemple.

...on passe rapidement dessus pour se concentrer sur l'essentiel, le plaisir de la lecture et un bon moment de suspens et d'aventures en compagnie de personnages hyper-attachants. Et comment ne pas évoquer la conclusion de ce roman et le message qu'elle charrie sur l'humanité ?


Et tout cela enrobé avec talent par la plume alerte d'A. Reynolds, dont j'affectionne décidément beaucoup les productions.

GuillaumeJ90
9
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Créée

le 21 avr. 2024

Modifiée

le 22 avr. 2024

Critique lue 424 fois

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Guillaume

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