Titre éloquent

Je voulais découvrir l'auteur. J'ai préféré commencer par Maîtresse de Guerre plutôt que le Puits des Mémoires parce que plus rapide, au cas où j'aimais pas justement. J'ai décidé de l'aborder en faisant preuve d'ouverture d'esprit, sans me fier au titre.
D'où ma déception. Je crois que j'aurai pu deviner l'ensemble du scénario juste à partir du titre et de la 4ème de couverture. Dommage, mais c'est pas si terrible si c'est bien écrit.
Résumé ma première impression (qui a duré jusqu'à la dernière page) : "les mecs l'aiment ou la désirent, les femmes la jalousent ou l'admirent". Point.

Niveau style, c'est pas mal, j'ai trouvé de belles formulations, c'est fluide, c'est détaillé, un style qui permet de construire un univers plutôt prenant sans faire preuve d'une originalité débordante, non pas vraiment (mais c'est un livre plutôt court après tout). Du coup les actions s'enchainent, on suit Kaelyn de son premier échec à sa dernière réussite, bref, pas grand chose à dire.

Et puis les défauts, à mon humble avis.
L'auteur arrive avec ses gros sabots pour nous décrire la dure vie d'une femme soumise à des préjugés mais désirant se libérer de sa condition pour embrasser la liberté je-sais-pas-quoi-mais-je-sais-que-ça-fonctionne-pas. L'auteur obtient le résultat inverse, une héroïne sans profondeur, dont la seule motivation est sous-entendue par le chapitre 1 abrégé en "Damnit, mais elle a rien entre les jambes!".
Après ça, ok il parait qu'elle sait se battre, mais le bouquin n'est un concours de circonstances monstre! L'auteur tire des ficelles de la taille de cordes d'amarrage sans laisser aucune place à la psychologie ou la sensibilité.
Hadrian, second perso dont le rôle est prévisible dès sa seconde apparition (1 point pour la première!) se résume selon les propres mots de l'auteur par "Hadrian est un mur". Après ça, il s'emmure à vouloir prouver qu'il n'est pas un mur mais sans le préciser tout de même parce que, faut pas l'oublier, c'est un mur.
Les interventions d'autres personnages tentent de dépeindre une situation géopolitique ou des intrigues internes sans réussir à mettre en valeur l'opposition des points de vue, du coup ça tombe parfois comme un cheveux sur la soupe alors que ça aurait pu faire de bonnes surprises si passé sous silence. Et puis même les persos supposés intelligents manquent de finesse, et les autres sont tous idiots de nature, des caricatures, et encore bien pâles.
Y'a de bonnes idées, le dénouement est un peu forcé, mais le manque de profondeur des persos donne un aspect presque parodique à leurs actions. C'est plein de clichés, et pourtant j'aime les clichés, mais ceux-là sont traités en superficie, on s'attache pas et au final heureusement que ça se lit vite.

Je fais que critiquer, j'aime pas ça (j'm'excuse), alors resituons un peu la lecture : Maitresse de guerre souffre de la comparaison avec tous les très bons livres que j'ai lu le mois passé.
Actuellement, je peux le juger comme un divertissement acceptable, surtout rattrapé par l'aisance stylistique de l'auteur (entre acceptable et appréciable (sauf que je suis comme ça, les termes anachroniques, même dans les univers fictifs, ça bloque ma lecture)), mais ce n'est pas un bouquin que je recommanderai à quiconque.
Maintenant je vais lire le Puits des Mémoires en espérant qu'il soit plus facile à l'auteur d'écrire des persos masculin que féminin.