Une histoire qui se construit et s'apprécie sur plusieurs générations
L'auteur nous emmène dans une saga familiale ayant pour point de départ un drame: le lynchage de quatre indiens innocents accusés du meurtre d'une famille entière de fermiers blancs. C'est par la voix d'Evelina, petite fille d'un témoin de cet évènement que Louise Erdrich commence à nous raconter l'histoire de la ville de Pluto. Tour à tour nous allons faire la connaissance des familles Milk, Harp, Peace et Coots. "La Malédiction des colombes" n'ai pas un roman facile à lire, c'est un roman qui se construit, de génération en génération, chaque élément évoqué ayant une importance dans l'histoire globale.
C'est un roman dur, traitant de sujets difficiles tels que la condition des indiens dans les réserves, le racisme, l'homosexualité dans les années 60, les mouvements sectaires et leurs dérives... mais c'est aussi un roman drôle avec des personnages "bonbons" tels que Mooshum, le grand-père farfelu d'Evelina, qui a sa manière bien à lui de vivre sa vie et raconter ses souvenirs. Autant de moments qui permettent aux lectures de lâcher un peu de leste et digérer le climat parfois nauséabond de l'époque.
L'écriture de Louise Erdrich est encore une fois magnifique, poétique et douce. On s'attache aux personnages, on apprend à les connaître et une part d'humanité se dégage de chacun d'entre eux, même le plus vil au premier abord recèle une fêlure. Le roman comprend plusieurs parties, chacune allouée à un personnage bien précis. Les témoignages s'accumulent, l'histoire s'enrichie, la toile se tisse de façon magistrale et nous laisse endeuillé à la fin du roman.
Au final, "La Malédiction des colombes" est une superbe fresque familiale, un hommage aux peuples aujourd'hui disparus et une ode à la tolérance et au respect. Je lirai sans nul doute d'autres romans de cette auteur.