Viol, romantisme et psychanalyse
J'ai longtemps pensé que romantisme rimait avec niaiserie jusqu'à ce qu'un ami me fasse découvrir Kleist et son obsession pour l'amour parfait. Kleist était ce que l'on appellerait aujourd'hui un bipolaire, il passait par des phases d'exaltation intense suivies de phases de dépression profonde. Il finira d'ailleurs par se suicider. Est-ce en partie de là qu'il tient son génie, je ne sais pas, mais cette œuvre est la quintessence du romantisme allemand, l'héroïne, une marquise italienne, se retrouve mise au ban de la société car elle est enceinte (alors qu'elle est veuve). Or elle est l'innocente victime ici d'un viol dont elle n'a pas la conscience puisqu'il a eu lieu alors qu'elle était évanouie.
Bon, me direz-vous, ça n'est pas forcément super crédible, oui, mais : on s'en fiche. Ce qui compte ici, ce n'est pas la crédibilité de l'histoire mais ce qu'elle fait ressortir de la personnalité de Kleist et de ses obsessions. Un livre tellement marquant qu'il a fini par donner son nom à un complexe en psychanalyse.
Ajoutez à cela un style parfait, un récit sous forme de nouvelle assez court, et il n'y a aucune raison que vous ne lisiez pas cette Marquise d'O.