RRrrrrrr... mais c'est que j'étais à deux doigts d'arracher l'épée des mains du bourreau pour la lui trancher moi-même la tête, à la Brinvilliers !
Que d'atermoiements, que de circonlocutions, que de tours inutiles autour du pot, monsieur Dumas ! Vos tergiversations narratives ont bien failli venir à bout de ma patience.
De quoi parlons-nous ?
1676 - Marie Madeleine Dreux d'Aubray, marquise de Brinvilliers, tristement connue aujourd'hui en qualité d'empoisonneuse patente, est condamnée par ses juges à la mort. Ayant sournoisement - car quelle mort est plus insidieuse que le poison ? - assassiné son père, puis ses frères, ayant également tenté d'assassiner sa soeur et n'ayant pas été éloignée du dessein de faire passer son propre mari de vie à trépas, cette "charmante" et galante noble dame fut finalement compromise, arrêtée à Liège de manière rocambolesque, emprisonnée à Paris pour y être jugée selon la question ordinaire et la question extraordinaire, comprenez la torture. Reconnue coupable, elle fut exécutée en place de Grève, à la suite de quoi son corps fut livré aux flammes du bûcher.
Autant vous dire que ladite marquise de Brinvilliers, je ne la porte pas dans mon coeur... contrairement à notre auteur qui, à l'exemple du peuple parisien de l'époque, semble avoir voulu voir en elle une grande repentie, pleine de sang-froid au moment du jugement et donne à croire à son lecteur qu'il lui pardonne ses terribles agissements. Ce qui donne un récit divisé en trois temps : un tiers d'action relatant les empoisonnements, la fuite et l'arrestation, un second tiers axé sur le jugement, et un dernier tiers consacré à sa confession et à son exécution. Ces deux dernières parties m'ont paru bien longues... d'autant que, de fil en aiguille, la criminelle qui, de son propre aveu, a commis des meurtres à répétition, se voit auréolée à la dernière ligne du récit du titre de "sainte", et au final, Dumas donne l'impression d'écrire l'hagiographie d'une martyre. Bon, suivez mon regard, il se tourne avec exaspération vers le ciel. Je sais que Dumas ne s'est fait que le rapporteur de "l'Affaire" (et son récit est d'ailleurs émaillé de témoignages véridiques tout droit exhumés des archives) mais par son style il m'a tant donné l'impression d'abonder dans le sens du populaire et il a donné une telle importance au rôle - pour moi secondaire - de l'abbé Edmond Pirot, le confesseur et dernier soutien de la condamnée, qu'il a fini par totalement m'exaspérer, nonobstant le grand respect que j'ai pour son talent d'écrivain.
Autre déception, Dumas ne fait aucune mention des terribles soupçons et accusations ayant visé la Brinvilliers, relatifs à la mort subite et mystérieuse d'Henriette d'Angleterre - entre autres morts subites et mystérieuses survenues à la Cour de France à cette période. Son récit se fait presque intime, privé et centré sur la seule famille de la marquise, faisant fi d'un contexte public incontestable.