Que dire de « La matière des songes », le quatrième tome de « Malhorne » par Jérôme Camut ? Enfin, que dire sans heurter les fans, l'auteur et les lecteurs qui ont trouvé cette saga fascinante ? Certes, l'idée est bonne et a même eu l'heur de paraître avant que d'autres auteurs ne se lancent dans ce genre de récit fleuve avec une originalité au moins aussi grande. Inclassable, « Malhorne » le reste car il s'agit d'un récit fantastique avec des éléments de science-fiction qui se révèle être bien des choses à la fois dont une remarquable dystopie tournant autour de la conscience politique de l'écologie.
Dans ce quatrième livre, on retrouve nos héros éparpillés sur les 7 terres parallèles. Nous apprendrons leur histoire respective et ce qui fit que les Zagul furent bons ou mauvais. Ainsi Gursk qui s'était contenté jusqu'à maintenant de kidnapper des humains sur les différents mondes pour les faire s'entretuer sur d'immenses champs de batailles juste pour amuser son peuple, Gursk donc s'est enfin décidé à passer à l'offensive. En effet, cet éternel a su, au fil des siècles, introduire ses soldats dans les rangs des autres humanités. Alors quand Denis Craig tentera de prévenir la Maison Blanche, l'offensive aura déjà été lancée et risquera d'être l'aube d'une apocalypse inattendue pour notre bonne vieille terre.
Franklin, quant à lui, a décidé également de réunir ses fidèles auditeurs et de partir tel Noé refonder un nouveau monde ou une nouvelle humanité. Sera-t-elle meilleure que la nôtre ? Milos ira sur la planète des Staulms pour les libérer des humains qui les maintiennent en captivité tel du bétail. Et puis, et puis tant de personnages vont disparaître et d'autres apparaître que Jérôme Camut va encore nous perdre dans le labyrinthe de sa si prolifique imagination.
« Malhorne » est une lecture agréable avec des tomes inégaux entre eux mais qui, d'un lecteur à l'autre, ne sera pas ressentie de la même façon. J'ai, par exemple, adoré le premier volume et les révélations des mystères qui ont suivi ne m'ont pas autant intéressés. Cette œuvre reste cependant celle par laquelle on a découvert Jérôme Camut et son extraordinaire talent de conteur. Toutes les histoires ont une fin et, bien plus qu'une simple fable écologique, « Malhorne » est aussi une formidable plongée pour le lecteur dans un monde qui est à la fois le nôtre et celui que nous ne voudrions pas qu'il devienne. Une bien belle lecture où on peut facilement perdre pied.