Quoi d'intéressant à propos de Frédéric Mitterrand ? A priori, c'est vrai, pas grand chose.
Neveu d'un président, certes, ministre, certes, homme de la culture, pourquoi pas. Mais il y a autre chose.
J'ai voulu lire ce livre après avoir vu l'émission Le Divan avec Marc-Olivier Fogiel, où Frédéric Mitterrand se livrait sur sa vie, son passé, ses sentiments. Et j'ai vu un homme mélancolique, blessé, sincère, mais élégant, avec un beau verbe. Et c'est par naturelle curiosité que j'ai voulu lire La Mauvaise Vie, ce roman où, selon certains, on trouverait d'affreux aveux de pédophilie en Thaïlande.
Coupons court aux rumeurs : non, aucune pédophilie. Il suffit de lire de manière honnête le roman, ou même simplement le chapitre sur ses pérégrinations en Asie du Sud-Est pour comprendre qu'il ne s'agit pas d'enfants, mais de jeunes hommes. Oui, il les appelle des "garçons", ce qui révèle le style de Mitterrand : une plume élégante, sensible, fine. Une élégance qui, cependant, se meut pleinement dans la réalité, et c'est pourquoi ses chapitres sur le sexe tarifé où les tapins à Patpong sont des beaux moments de littérature.
La biographie de Frédéric Mitterrand est la biographie d'un homme endolori par les années, attristé par des échecs, des apories, des amours impossibles, une homosexualité cachée puis évacuée dans le sexe tarifé. Un homme qui peut-être n'a jamais été vraiment aimé comme il eût aimé qu'on l'aime. C'est une vie de déceptions, mais parfois de bonheur, de grandes satisfactions, de belles rencontres.
C'est une belle plume. C'est une vie mélancolique, c'est une vie mauvaise. C'est La Mauvaise Vie.