La mécanique des femmes (déjà, le titre...), ou le livre qui s'auto-discrédite.
On parle d'un roman. Une oeuvre littéraire, de corps et d'esprit. Du style, du texte, un propos, un apport à la culture, à la société, aux humains.
Est-ce que "La mécanique des femmes" rend compte de ces vertus ?
On a: des femmes, à toutes les pages, pour dire quoi, leur instinct pornographique. Why not, encore faudrait-il contextualiser. De quelles femmes parle l'auteur ? Parle-t-il de femmes qui existent, femmes rencontrées, femmes-compagnes, ou de femmes imaginées, de papier, fantasmées ? L'auteur parle "des femmes", c'est-à-dire toutes les femmes. Une expression générique uniformisante, comme si toutes les femmes étaient semblables. Soit, ce peut-être une commodité langagière.
Cependant, sans plus de précisions contextuelles, le récit ne peut qu'être gratuit. En effet, à la fin de la lecture, on a le sentiment que l'ensemble des femmes, vous et moi (la fameuse expression générique "des femmes"), avons les mêmes aspirations, qui s'appellent "mécanique" : être des femmes objets, des robots qui implorent la soumission, voire les sévices sexuels. A chacun et chacune sa sexualité. Mais assimiler toutes les femmes à des êtres qui répondent aux lois d'une mécanique, celle de la soumission, c'est du gros fantasme. Fantasme patriarcal, stéréotype imbécile d'une société encore aveugle sur le sujet de l'égalité et du respect (écrit dans les 90's pourtant !), par un mec.
Qu'est-ce que Calaferte a voulu montrer/dire ? La critique a appelé et appelle toujours cela un "roman", une ode à la "féminité", un ouvrage anti-conformiste qui porte aux nues "la sexualité féminine", un livre symbole de la "liberté sexuelle".
Dans sa médiocrité essentielle, ce livre montre parfaitement que la "féminité" n'est pas une affaire d'orifices, que l'anticonformisme est à l'opposé du déploiement d'une rhétorique patriarcale dégradante envers "les femmes", qu'il n'y a pas "une" sexualité féminine, et que la "liberté sexuelle" n'est pas là où on le pense... Finalement, la caricature de l'homme macho que nous dessine Calaferte a bien une vertu, celle d'interroger l'écriture du désir féminin et sa perception par la société.