Les quatre personnages de l'intrigue se rencontrent au début des années quatre-vingts, temps béni pour la cause d'au moins deux d'entre-eux. Ils vont se lier dans un carré érotico-amical plutôt singulier. La narratrice, Elisabeth est une journaliste de talent, elle vient d'ailleurs d'être engagée à Libération est la maîtresse d'un célèbre philosophe et auteur, le controversé Jean-Michel Leibowitz. Willie est un marginal qu'elle rencontre lors d'une interview "portrait" pour un magazine, l'excentricité du personnage lui plait, elle décide le présenter à son ami Doum, militant pour la cause homosexuelle et notamment en ce qui concerne la prévention contre le sida. Entre les deux hommes c'est le coup de foudre, ils se mettent en couple. Mais la personnalité révoltée du plus jeune ne supportera pas longtemps les chaînes de leur relation, il quitte Dominique et crée un mouvement gay borderline qui rejette tout les préceptes que leurs aînés ont essayé de leur inculquer précieusement. Après des années de lutte acharnées pour obtenir d'être acceptés et la maladie qui a emporté tant des leurs, le monde homosexuel est devenu aseptisé et triste. Il n'y a plus de raison de se battre, plus de folie, et la seule rébellion possible est un nihilisme absolu. Willie va jusqu'à organiser des soirées bareback, où des séropositifs font l'amour sans protection à des jeunes non-contaminés, dans une sortie d'orgie roulette-russe. Doumé devient l'homme à abattre, grand-père moraliste et rabat-joie. Des clans se forment, de son côté Leibo est de plus en plus inquiet par le comportement de ses contemporains et il rapidement catalogué comme réactionnaire. Élisabeth est tiraillée entre son amant et ses deux amis qui essayent de se servir d'elle pour blesser leurs ennemis.

Une autofiction, j'adore ce terme, ça me fait penser au gag de Calvin et Hobbes quand il fait une autobiographie romancée où il aurait un lance-flammes, si vous voyez ce que je veux dire.

Ici Garcia nous raconte longuement une période qu'il n'a pas connue à grand renfort de documentation. La partie plus moderne de la déchéance du monde underground est plus intéressante, mais au final ce dont il est question c'est des trois hommes du livre, de leurs coups bas et de leur sexualité.

Malgré l'avertissement de l'éditeur et mon manque de culture (d'intérêt) sur le sujet, on se rend vite compte qu'il s'agit de personnages réels dont l'identité est à peine travestie par des pseudos et deux-trois péripéties inventées. Selon mes sources Leibo serait Finkielkraut, Doumé Didier Lestrade et Willie Guillaume Dustan, tant qu'à écrire un livre sur le sujet, autant le faire jusqu'au bout, mais bon les procès coûtent cher... Élisabeth par contre est inventée de toutes pièces et ça se sent, aucune profondeur, aucune intérêt, elle n'est là que comme narratrice, d'une fadeur insondable, n'a aucun remord à trahir ses amis, qui d'ailleurs ne lui en veulent pas, piètre image de la femme qu'a l'auteur.

Si le sida et le sexe font vendre dans la littérature, ils ne dispensent pas d'avoir du style, ce que Garcia a oublié apparemment. C'est affreusement mal écrit, répétitif, un roman qui malgré les éléments provoc' arrive à être ennuyeux c'est tout de même un échec cuisant.

Je n'ai peut-être pas de cœur mais je n'ai réussi à m'émouvoir du sort d'aucun des personnages, ou peut-être d'un seul qui est plus que secondaire. Ils sont terriblement caricaturaux ou alors n'ont pas du tout de personnalité.

Heureusement que les sales coups des uns et des autres sous la ceinture m'ont bien fait ricaner, c'est déjà pas mal.

A croire qu'il suffit d'écrire sur un "sujet de société" pour se faire connaitre, dans ce cas à quand une adaptation cinéma?
Diothyme
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le 8 févr. 2012

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