La Mer à l’envers montre comment une croisière pour riches, suite à la collision avec un bateau de migrants, va mettre « la mère à l’envers ». Le livre parvient assez bien à éviter le grand danger du sujet : les bons sentiments. Ainsi Rose n’est-elle héroïque que « de temps en temps », et surtout, progressivement.
Au départ, le contraste entre ces migrants qui sont dépossédés de tout et cette famille qui vit dans la surconsommation (liste effarante à mes yeux des cadeaux de Noël, moi qui n’ai jamais offert qu’un cadeau à mes filles chaque année) est bien dressé. De retour à Paris, puis à Cleves, Marie Darrieussecq évite aussi le piège du mari décevant qu’on quitte et des enfants monstres d’égoïsme.
Éviter les esquifs, c’est bien, mais ça ne suffit pas pour faire de la littérature. Car ici, ce qui pèche, c’est vraiment le style. Quel contraste avec Naissance des fantômes, court roman mais si dense dans l’écriture qu’il en devenait difficile à lire ! Là, ça se lit facilement, c’est sûr... Le lecteur n’a pas d’effort à faire. Et, comme souvent pour les œuvres faciles (c’est vrai aussi au cinéma), le souvenir de ce livre s’effacera vite, comme ce serait effacé celui de cette croisière sans la rencontre avec cet autre monde, celui des migrants.
Marie Darrieussecq, auteure inégale, semble-t-il.