Critique de Shaynning

Incontournable Décembre 2024

Voici un roman illustré en format album, le premier du genre que je vois pour la maison Sens Dessus-dessous. Il possède une tranche en tissu bleu, une couverture légèrement en relief et beaucoup d'illustrations, au moins une par deux pages. Ce n'est pas le roman le plus original que j'ai lu, les sorcières et les dragons étant légions en littérature jeunesse intermédiaire, ado et jeune adulte, mais il est sympathique et les deux personnages animaux sont irrésistibles.

Dans les Contrées, le vieux magicien Oxalis réveille ses deux nièces apprenties-sorcières pour leur faire cueillir des pifanlis. Les deux soeurs, Salicorne et Médusa ne sont pas spécialement enthousiastes: C,est qu'ils sont passablement malcommodes les pifanlis! Néanmoins, leur mission remplie, les deux soeurs font la rencontre surprenante d'un jeune garçon et de son ami canard, Julius et Brioche. Sentant qu'il ne leur livre pas toute la vérité sur sa présence en ces lieux, dont nul mensonge ne peut échapper à Salicorne, les soeurs le ramène à leur oncle. Qu'elle n'est pas leur surprise quand ils découvrent dans le sac-à-dos de Julius un gros oeuf écaillé noir. Volé à un groupe de sous-gobelins, le garçon ignorait dérober un oeuf de dragon. Et bave de crapaud sur la potion, cet oeuf est prêt à éclore! Ainsi arrive le petit "Fabuleux", dragon noir tout mignon de son état, dont il faut désormais retrouver la mère. Les enfants de lancent donc dans une quête de rapatriement, avec un canard chapeauté, de la bonne volonté et un peu de magie pour tout pimenter!

Comme je le disais, un cas classique. Un sauvetage de dragon, des sorcières qui se découvrent des pouvoirs, un garçon au passé peu clair et des périls à surmonter. Je me demande même pourquoi on distingue l'oncle, un "magicien", alors qu'il forme des "sorcières". Ce n'est pas la même "magie". Mais bon. C'est juste un constat.

C'est Brioche le canard qui m'a donné envie de lire le livre et j'ai été déçue qu'il ne tienne pas la narration comme le laissait entendre la 4e de couverture: "Coin-coin les amis! Moi c'est Brioche, le canard le plus courageux des Contrée. [...]"

Ç'aurait été amusant un narrateur canard, je pense.

Fabuleux aussi est mignon comme tout, petit dragon noir qui me rappelle les oiseaux dans la BD "Pistouvi".

Mention aux "pifanlis", ce "pissenlit" mâchonnant qui a des allures de champignons rabougrie couleur de lapis lazuli qu'il ne faut surtout pas réveiller.

Attention, il y aura quelques petits divulgâches.

Julius est un personnage qui n'a pas les attributs du "héro" typique. Rondelet, aimant la bouffe ( ce qui avec le premier trait est donc une association clichée) et peureux, il n'est pas particulièrement heureux d'être dans cette quête. On apprendra à la fin qu'il est en réalité un prince en fuite, son royaume ayant été attaqué par un obscur personnage, ses parents probablement morts. On apprend les origines de Julius dans la petite partie de la fin, le journal de Brioche ( Bon, le voilà mon narrateur canard!). Ça joute un peu de nouveauté, mais ce détail arrive tard. le petit détail que j'ai aimé le concernant est sa prise en charge de l'aspect "cuisine" de a maisonnée, sa contribution au foyer. Ce n'est pas un personnage glouton, mais bien un gourmet!

Les deux soeurs sont plus dégourdies, chacune a son enjeu, Salicorne avec son honnêteté excessive résultant de son don pour détecter le mensonge, Médusa avec sa "magie noire". Ça me fait toujours un peu rire ces histoires de magie noire: Dès lors qu'elle sert l'altruisme, parle-t-on vraiment de magie noire? Car c'est bien la magie d'une sauveuse qui a permis le sauvetage de Julius et juste après c'est une magie remplie d'amour qui ramène Médusa de son coma magique. Une petite leçon sur la force des liens, ici.

C'est un ouvrage avec une histoire bien racontée, avec des illustrations agréables et une chronologie linéaire, bien adaptée aux lecteurs de 8-9 ans qui aiment le genre Fantasy avec des dragons et des sorcières. Je pense qu'il aura gagné à avoir plus d'originalité, mais il reste une histoire sympathique avec des filles courageuses, un canard qui a son rôle à jouer tout aussi attrayant et un univers dont le détail se perçoit dans les illustrations. Pour initier au genre, c'est un bon choix.

Pour un lectorat intermédiaire à partir du 2e cycle primaire, 8-9 ans+