La Montagne de Minuit par BibliOrnitho
Roman en deux parties. Très inégales en longueur.
D'abord, texte de Paul qui nous parle de son enfance à l'occasion d'un roman qu'il est en train d'écrire et qu'il soumet au lecteur en même temps qu'à sa mère qui lui répond et complète ses écrits par l'intermédiaire d'un certain nombre de courts chapitres au style épistolaire. Paul conte l'histoire de Bastien Lhermine, gardien âgé d'un lycée lyonnais. Personnage mystérieux qu'on pourrait penser simple, terne, mais qui se révèle être un brillant expert en langues orientales. Il parle couramment le tibétain et est régulièrement consulté par une foule d'étudiant pour sa grande connaissance de sanskrit. Il connaît absolument tout des hauts plateaux sur lesquels le Dalaï-Lama régnait avant l'invasion chinoise. Comment l'auteur explique-t-il que ce vieillard effacé soit le dépositaire d'un tel savoir ? Et bien justement, il ne l'explique pas. Ou plutôt il permet à l'intéressé de s'expliquer pour, immédiatement, démonter l'argumentation de son personnage central. Bastien nous explique qu'il a été enrôlé durant sa jeunesse dans les l'armée allemande. Dans les SS. Pas dans l'armée elle-même, mais dans une société secrète encadrée par des moines tibétains résidant à Berlin dans les années 40 et chargée de démontrer l'antériorité de la suprématie aryenne sur toutes les autres. Soit !
Mais l'auteur, à la fin du roman de Paul, nous livre une annexe présentée par Rose (la mère de Paul). Dans cette seconde partie, cette femme (historienne) a fait des recherches poussées sur cette question des liens unissant le Tibet au nazisme et nous livre une vingtaine de pages renfermant un concentré d'Histoire. Un peu un « Que sais-je » organisé en paragraphes précédés de petits titres, en commençant à la Renaissance jusqu'à nos jours. A la fin du bouquin, je me suis dit que l'auteur avait particulièrement bien bossé son sujet (même si j'avoue ne pas avoir compris toutes les références ésotériques et autre complot visant à reporter une faute – laquelle – sur les Juifs). Mais qu'il n'avait pas réussi à tout mettre dans son roman et compilant le reste en fin de livre : une sorte de bouquet final, n'avant pu se résigner à laisser de côté une part conséquente de son travail bibliographique.
Un beau texte avec un style très fluide et un vocabulaire très riche. J'ai apprécié le voyage à Lhassa, mais l'impression finale est toutefois mitigée. Curieux aussi ces commentaires maternels inséré dans le texte du romancier. Désagréable impression que l'auteur se félicite lui-même pour un bon mot glissé précédemment : « Pas mal, pas mal du tout le coup du drapeau rouge... » (page 77, première phrase du chapitre 10 : la mère envoie une fleur à son fils pour la fin du dernier paragraphe du chapitre 9). Un peu prétentieux à mon avis. Dommage.