Laurent Gaudé est ce drôle d’auteur qui m’a suivi au brevet puis au bac. La lecture de « la mort du roi Tsongor » n’en a pas moins été très agréable. Le style est fluide, quasi biblique. Il n’y a aucun temps long. L’intrigue progresse à toute allure. Bref, on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Les évènements se déroulent donc un peu comme une bobine que l’on déroule. Cet aspect mécanique conférant au texte une valeur davantage biblique que réaliste. On est quasiment dans une fable se déroulant dans une antiquité imaginaire.
Et derrière cette fable faite de sang et d’atrocités guerrières, quels sont les messages transmis ? L’omniprésence et la domination masculine (doux reflet de la guerre de Troie). Le caractère éphémère de nos plus grandes aspirations, que seul l'âge révèle. L'engrenage infernal de la guerre, exalté par les questions d'honneur. La fidélité, tantôt motif d'une guerre interminable, tantôt signe de loyauté amicale ou familiale. La question de la honte, aussi, qui accompagne les tableaux des nombreux héros faillibles de ce roman (seule une héroïne, une reine cheffe d'armée, semble être la seule exempte de ce motif).
Si j’avais été à la place de l’écrivain, je crois que ça m’aurait démangé d’envoyer des signaux plus clairs sur les messages sous-entendus de la fable. Peut-être que là réside la finesse de Laurent Gaudé qui a écrit cette fable sans jamais qu’elle ne devienne un livret de moral. Laissant tout le soin aux lecteurs ou aux lectrices de s’en servir ainsi, ou comme d'un simple récit mythologique à apprécier dans sa portée tragique.