La Mouette est sans conteste l’une des œuvres les plus connues de Tchekhov.
Dans une grande maison de campagne vont vivre, s’opposer et s’aimer plusieurs personnages : Arkadina, la mère, actrice d’une quarantaine d’année sur le déclin ; son frère, Sorine, propriétaire de la maison ; Treplev, le fils d’Arkadina, qui veut devenir écrivain ; Nina, fille d’un riche proprietaire terrien et apprentie actrice ; Trigorine, écrivain en vogue et amant d’Arkadina ; Dorn le médecin ; Paulina et sa fille Macha, qui travaillent sur le domaine ; Medvedenko l’instituteur…
Le premier thème qui saute aux yeux, c’est l’amour, et l’amour à sens unique principalement : Medvedenko aime Macha, qui aime Treplev, qui aime Nina, qui aime Trigorine, qui est aimé par Arkandina, qui est adulée par Dorn… Ici, les histoires d’amour sont au mieux compliquées, au pire tragique.
Ensuite, le thème de l’Art est posé, en premier lieu par Nina, la mouette, au sujet duquel animal Trigorine a envie d’écrire :
Au bord d’un lac vit depuis son enfance une jeune fille… telle que vous. Elle aime ce lac comme une mouette, comme une mouette elle est heureuse et libre. Mais un homme arrive, par hasard, et, par désœuvrement, la fait périr, comme on fait périr cette mouette.
Nina est bien cette mouette, heureuse malgré des parents sévères près de son lac d’enfance, jouissant de l’innocence et de la naïveté de son jeune âge, mais mortellement touchée par la balle de l’amour causé par le chasseur (ou plutôt le pêcheur, dans la pièce) Trigorine. Elle fantasme la vie d’artiste, Arkadina ne vit que par le souvenir des triomphes qui furent siens, Trigorine, plus réaliste quant à sa valeur réelle et conscient de l’inextinguible feu qui brûle en lui et lui commande d’écrire ses gentils contes, n’en demeure pas moins un écrivain reconnu… Et derrière tout ça, Treplev, qui veut révolutionner le théâtre mais ne se heurte qu’à l’incompréhension de tous et le dédain de sa propre mère, et qui de plus est repoussé par Nina. Personnage tragique et dépressif, dont les bourgeons d’amour-propre sont écrasés par une mère ne lui accordant aucune place sur le terrain artistique et un beau-père qui réussit là où lui-même échoue : dans l’écriture, et dans le fait de se faire aimer de sa mère.
C’est une pièce relativement courte mais dense, donc la mécanique nous amène jusqu’à l’inéluctable drame. Bien entendu, il faut quelques efforts, comme dans tout roman ou pièce de théâtre russe, pour se familiariser avec le noms des personnages, mais je l’ai trouvé très bien écrite et pour tout dire poignante, particulièrement par le destin de Nina et de Treplev.