"Je suis une mouette" s'écrit Nina en toute fin de pièce. En effet, elle et tous les autres personnages de cette pièces incroyable de Tchekhov, ne sont rien d'autres que des mouettes. Des oiseaux blanc à tournoyer autour de ce lac où se dresse une scène de théâtre. Autour de ce lac ces personnage échangent des paroles banales et en font d'eux des êtres insignifiants. En effet, La Mouette n'a pas d'intrigue proprement dite, et elle ne met en scène que des personnages extérieurement insignifiants. Mais, comme chez Dostoïevski, le feu intérieur les dévore. Raskolnikov du regard des autres est insignifiant, mais pour le lecteur, son histoire est passionnante, dès lors qu'il sait qu'il a commis un meurtre dans Crimes et châtiment. C'est pareil pour les personnages de La Mouette.
Tchekhov met en scène des personnages incapables de communiquer et incapables de s'aimer. Chaque personne tombe amoureuse de la mauvaise personne, de celle qui ne l'aime pas. La recherche d'amour et de communication est aussi une recherche de vivre. Constantin se rêve en grand auteur face à Trigorine, grand auteur, qui rêve, lui, de pêcher toute sa vie. Nina veut devenir une grande actrice mais elle n'est que l'ombre de la grande Irina, qui n'est elle-même qu'une actrice ratée. Tous les personnages ont tout raté, sauf peut-être Dorn, le médecin autour duquel les autres personnages gravitent.
Dans La Mouette la psychologie des personnages dépasse la simple intrigue, elle mène une réflexion sur l'homme et sur la société russe de la fin du XIXe siècle, obstinément en quête d'innovation.
Une pièce de théâtre unique, un comble de la modernité. Chaque réplique, aussi insignifiante et banal qu'elle en à l'air, est pleine de sens et peut mener à une nouvelle réflexion sur l'oeuvre. La Mouette est un chef d'oeuvre passionnant à découvrir.