Une chose est certaine, je n'aurais jamais pu écrire ce livre relativement dérangeant. La scène du viol au début de l'ouvrage est insoutenable. Lorsque l'on sait ce qu'a vécu l'auteur, on comprend mieux comment elle est parvenue à l'écrire. Néanmoins, cette scène est traumatisante pour le lecteur comme pour l'écrivain et surtout pour lui. Elle raconte de manière détournée le viol qu'elle a subi, mais la distance n'est pas là. Comment pourrait-elle y être d'ailleurs... ? On comprend au fur et à mesure de l'histoire, que la nostalgie de l'ange est celle d'Alice Sebold qui aurait sans doute préféré mourir après le crime dont elle a été victime. D'ailleurs, elle aurait dû mourir...
Elle passe par divers personnages afin de comprendre comment on peut survivre à la pire transgression qui soit. Comment l'entourage survit, comment le violeur continue de vivre...et de tuer lentement, plusieurs fois, beaucoup de femmes. On comprend dans cet ouvrage que les proches qui perdurent sur Terre font semblant de vivre afin d'honorer la victime. On comprend surtout que les victimes survivantes sont mortes à l'intérieur au moment du crime, comment une poignée de minutes empêchent le déroulement serein des milliers qui suivent.
Ce qui est le plus dérangeant dans ce livre, c'est lorsque l'ange voit son meurtrier et le regarde vivre. Je ne suis pas sûre que cet exercice littéraire ait pu aider Sebold à connaitre les motivations profondes du psychopathe qui l'a meurtrie. Pas sûr que ces monstres méritent que l'on s’appesantissent sur eux. Il y a un monde entre eux et nous, un monde qui s'appelle l'humanité, et la frontière qu'ils ont franchie est sans retour. Qu'importent les excuses qu'ils se donnent, ils sont seuls avec leur conscience et seuls responsables de leurs actes. Il n'empêche, cet ouvrage est la thérapie que l'auteur a jugé la plus à même de la guérir et on peut voir à quel point l'écriture est le meilleur remède à beaucoup de maux car rien n'est indicible quand bien même c'est douloureux de l'écrire. On écrit, on jette, on se débarrasse de ce qui nous hante et surtout, on reprend ainsi la main sur le cours de sa vie.
Ce livre est passablement dérangeant et je ne le relirai jamais. C'est bien écrit, la notion du temps afin de guérir l'affect est très bien explorée, les sentiments des différents protagonistes sont très réalistes mais l'histoire est vraiment trop glauque.

ElodiePerolini
7
Écrit par

Créée

le 20 mai 2017

Critique lue 475 fois

1 j'aime

2 commentaires

Elodie P

Écrit par

Critique lue 475 fois

1
2

D'autres avis sur La Nostalgie de l'ange

La Nostalgie de l'ange
Nhoj
9

Critique de La Nostalgie de l'ange par Nhoj

En partie pour ceux qui ont un penchant pour ce qui est fleur bleue et sordide à la fois. J'ai passé un excellent moment, me faisant rigueur pour prendre mon temps (sachant que je ne m'attendais à...

Par

le 6 nov. 2010

5 j'aime

La Nostalgie de l'ange
Plume
6

Critique de La Nostalgie de l'ange par Plume

La jeune Susie, 14 ans, est violée et assassinée par un de ses voisins en rentrant de l'école. Cette mort violente fait d'elle un ange, coincée entre deux mondes elle contemple le gouffre béant...

le 19 juil. 2010

5 j'aime

1

La Nostalgie de l'ange
Agloas
8

Critique de La Nostalgie de l'ange par Agloas

Un très joli livre. Un livre sur la souffrance de ceux qui restent mais aussi sur la souffrance de ceux qui partent. Un livre qui montre que l'horreur a parfois un visage mais que nous nous refusons...

le 16 déc. 2010

2 j'aime

Du même critique

Prier 15 jours avec Georges Bernanos
ElodiePerolini
9

Merci parrain

Il y a des moments dans la vie où l'on doute, de tout. De soi, des autres, de la vie même et de Dieu surtout. Où l'on n'ose rien dire parce qu'il n'y a personne pour nous écouter. Ou peut-être que...

le 18 mai 2019

10 j'aime

6

Les Chants de Maldoror
ElodiePerolini
1

Le pourquoi de la censure

Livre acheté avec enthousiasme. Fous rires sur les trois premières pages. Lorsqu'il est devenu évident que Ducasse allait étaler sa merde sur plusieurs centaines de pages, j'ai refermé le livre et...

le 5 août 2018

9 j'aime

1

Judith
ElodiePerolini
10

Au sommet de la Création : la femme

Et pour Sa gloire et le Salut de l'Homme, la femme. Inutile de faire ici un résumé de la critique littéraire accompagnant Judith dans toutes les éditions de la Bible. C'est une fiction littéraire...

le 5 déc. 2017

9 j'aime

15