Et pour Sa gloire et le Salut de l'Homme, la femme.
Inutile de faire ici un résumé de la critique littéraire accompagnant Judith dans toutes les éditions de la Bible. C'est une fiction littéraire composée vraisemblablement au II è s. a.C. en Palestine au temps du soulèvement des Macchabées. Ce qui m'intéresse, c'est que Judith est la préfiguration de Jeanne d'Arc et de toutes les femmes couillues de l'Histoire. C'est une vierge-soldat.
Judith, c'est l'histoire d'une femme très belle, méga-bonnasse, hyper-intelligente, supra-pieuse et vachement nationaliste qui vit dans un temps troublé où sa patrie est menacée par de vilains envahisseurs impies, où ses compatriotes ont perdu la foi en Dieu et en Sa promesse et se conduisent tous comme des baltringues. "On va mourir, ouin-ouin, c'est perdu d'avance, on ne peut pas faire autrement" chialent-ils tous en chœur avant de décider de se rendre aux Perses.
Judith est une descendante d'Israël, qui porte le deuil de son époux, mort comme un con d'une insolation, depuis "3 ans et 4 mois". Elle en a ras-le cul de toutes ses lamentations et jérémiades car, comme elle dort à la belle étoile sur sa terrasse pour adorer Dieu sans plafond, ça lui pète les couilles. Ou les oreilles, c'est selon.
Quand elle apprend que les anciens de sa ville ont décidé de se rendre sans même se battre car ils ont perdu la foi en leur Seigneur, elle leur passe un savon mémorable et décide de leur donner une bonne leçon. En trois jours, je vais lui défoncer la gueule au fils de Japhet, bande de lâches et de mécréants, car Dieu est avec moi puisque je L'aime, dit-elle en substance aux anciens.
Elle quitte son sac à patates qui lui sert d'habit de deuil, prend un bain et se sape comme la reine de Saba, ajoute en plus des bijoux et du parfum. Elle est au max de la bonnitude. Elle dit à son esclave de préparer des vivres pour se rendre dans le camp ennemi et y passer quelques jours sans se corrompre par la nourriture des goyim.
Elle se pointe comme une fleur avec sa servante-esclave au camp perse dans la plaine d’Armageddon. Sa beauté stupéfie tous les guerriers qui la laissent passer et elle arrive dans la tente d'Holopherne, le général perse, où elle prétend venir se rendre à lui et à son dieu-roi. Comme Holopherne il la trouve méga-bonnasse, il n'arrive plus à réfléchir et gobe sans broncher le bobard de Judith. Il lui offre le gite dans une tente à proximité en échange de ses informations. Judith est trop gentille avec tout le monde, elle prie toute la journée, on la laisse même sortir du camp pour ses ablutions rituelles au petit matin. Le soir, Holopherne l'invite à sa table et, charmé par sa conversation intelligente et sa piété, il l'autorise à manger ses denrées casher plutôt que celles des Perses. Le troisième jour Holopherne, qui a trop envie de niquer Judith, est sûr qu'il va la serrer et comme un abruti, il demande à ce qu'on les laisse seuls après un repas bien arrosé. Judith lui sert encore à boire en plus de son sourire. Ivre-mort, Holopherne s'endort sans même avoir touché la belle. Et là, merveille des merveilles, la Juive lui prend l'épée perse et prie une nouvelle fois: "Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d'Israël!" Tchac, re-tchac, elle décapite l'envahisseur avec son propre cimeterre. Énorme !
Elle fourgue la tête dans son sac à provisions, sort peinard du camp à l'heure de ses ablutions avec sa servante et rentre chez elle. Méga-teuf dans la ville quand les habitants voient la tête du général. Tout le monde se décide enfin à aller défoncer les Perses, qui abandonnent leur camp sitôt découverte la mort d'Holopherne. Les juifs ramassent toutes les richesses perses. Re-méga-teuf jusqu'à Jérusalem. Judith devient une super star et au passage, un Ammonite, personnage secondaire mais lui aussi fidèle au Dieu unique, se convertit au judaïsme grâce à la geste de Judith de Samarie.
Judith met l'ambiance avec un Cantique du feu de Dieu, tout le monde danse et chante. Elle est mdr d'avoir laminé tous ses couards et les envahisseurs :
"Mais le Seigneur Tout-Puissant le leur interdit
par la main d'une femme.
Car leur héros n'est pas tombé devant des jeunes gens,
ce ne sont pas de fils de titans qui l'ont frappé,
ni de fiers géants qui l'ont attaqué,
mais c'est Judith, fille de Merari,
qui l'a désarmé par la beauté de son visage"
Et par une épée aussi. Bref. Un cantique sublime en l'honneur de Dieu et de la plus belle de Ses créatures.
J'ai adoré ce livre. C'est autorisé puisque c'est la Parole de Dieu. Il est très bien écrit, c'est romanesque avec des supers discours et dialogues, une intrigue bien menée, des personnages hauts en couleurs, le tout servi avec une morale et une spiritualité profonde. Je ne vais pas faire une exégèse cent fois faite ailleurs. Ce qui m'intéresse ici, c'est la femme et son rapport à Dieu.
Judith n'a reçu aucune mission particulière de Dieu. Elle se doit juste d'être une bonne juive comme son nom l'indique et de respecter la Loi. Puisqu'elle aime Dieu et qu'elle lui est fidèle, elle a une certitude absolue en la fidélité de Dieu à son égard en retour. A aucun moment on ne voit Judith recevoir de message particulier de Dieu, une prophétie spéciale ou une nouvelle révélation. Judith prie tout le temps Dieu, on sait ce qu'elle lui dit mais pas ce qu'Il lui répond. Son pays est menacé, celui que Dieu lui a donné ? Il est de son devoir, par piété, par respect envers Dieu, de défendre sa terre. Celle de la promesse.
Judith se fout complètement des gens qui l'entourent, relativement médiocres, elle est tout à Dieu. La patrie et Dieu ne font qu'un. Elle défend sa terre et les siens à cause de Dieu. Elle use de tous les stratagèmes féminins en sa possession: l'intelligence, la ruse, le charme et la beauté. Tout ce que Dieu lui a donné. Elle ment même à l'ennemi. Oulala, mentir ce n'est pas bien mais que ne ferait-on pas pour sa patrie ?
Zéro doutes, aucune faille chez cette femme. Elle fait selon son cœur et est sûre de la force de Dieu dans sa main au moment opportun.
Il est très étonnant de trouver Judith sous la plume d'un auteur juif. Ou de quel qu’autre auteur antique lorsque l'on connait la condition des femmes à cette époque. La femme juive jouit pourtant d'un certain statut comparé à d'autres peuples, Hellènes en tête, mais ce n'était pas la joie quand même. Et l'on est très loin du temps des matriarches.Toutes les qualités du juif incarnées en une femme... De Samarie qui plus est. C'est bien la preuve que l'écrivain est inspiré et qu'il est un auteur sacré, que Dieu s'exprime à travers lui. Des Judith, il y en eu beaucoup dans la réalité, chez les chrétiens. Nous le voyons bien de nos jours en France, les églises sont remplies majoritairement de femmes, vieilles souvent, qui gardent la foi et les Commandements. En dernier ressort, lorsque tout semble perdu et que les mâles baissent les bras, Dieu utilise Son arme la plus puissante : la femme. Il y a la vierge Marie de l'Incarnation, il y a la Vierge Marie qui écrase l'antique serpent avec son talon, il y a Blanche de Castille, il y a Jeanne d'Arc jusqu'au bucher, il y a Charlotte Corday jusqu'à la guillotine, il y a Thérèse de Lisieux, la femme que Satan redoute le plus après la sainte vierge, il y a Yvonne-Aimée de Malestroit...Et tant d'autres. Toutes des Vierges-soldats de Dieu à l'image de la Judith fictive (?) dans nos Bibles. Et pourtant elles sont là, tout au sommet de la Création divine.