Mise en scène patriotique.
Il a toujours été difficile de trouver un rapport entre l'exploit de Judith triomphatrice d'Holopherne, et une quelconque réalité historique. Le nom de Nabuchodonosor n'a été utilisé que parce qu'il évoquait celui d'un puissant conquérant. Le nom de Judith signifierait seulement "La Juive", et ne serait donc qu'un prête-nom symbolique pour mettre en scène un beau conte de résistance héroïque à un envahisseur tout aussi imprécis. Même la ville de Béthulia est inconnue...
On est donc bien dans l'optique des Deutérocanoniques: intégrer au corpus bibliques des textes qui ravissaient les sentiments populaires en dépit de leur caractère fictif. Ici, la religion est doublement défendue: non seulement Judith affirme aux Béthuliens qu'ils auront la victoire s'ils gardent la foi, mais la conquête d'Holopherne lui-même tend à éliminer les pratiques religieuses rencontrées en route chez les vaincus. Ainsi, ce livre tend à montrer que Iahvé protège en effet Israël (contrairement aux peuples déjà soumis), car l'ennemi échoue à la frontière du royaume. La patriotisme et le nationalisme juifs en ressortent grandis et flattés.
Judith se place dans la lignée des femmes qui ont fait l'histoire juive: Jaël et Déborah (Juges); Esther séduisant Assuérus. Le triomphe de Judith a les allures d'une fête nationale et religieuse. Son cantique - le seul élément poétique de ce récit dense et rapide) est digne du style des Psaumes.
Le but du récit est de rendre courage aux Juifs, aux moments les plus tragiques de leur destin. Le caractère héroïque et spectaculaire de l'exploit de Judith a inspiré nombre d'oeuvres picturales à travers les siècles, et même des oeuvres musicales.