Les inséparables
C'est bien simple, je n'avais jamais été plongé avec autant d'enthousiasme dans un bouquin. Au point de ne pas voir les heures défiler. J'ouvre le livre, je regarde le réveil, 23h37, je lis et...
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le 20 mai 2013
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SPOILS !!!
Le livre a très mal vieilli. Son plus gros défaut réside dans sa vision de la femme tout au long des 400 pages.
Nous avons deux personnages féminins : Eléa et Léonova.
Concernant la première. Dès la page une, le ton est donné « Les formes bouleversantes de ton visage et de ton corps ». Rien de problématique en soi. Ce qui est problématique, c’est qu’il sera presque uniquement question de son physique pendant 350 pages.
- P. 87 : Toute la tirade de Simon, le personnage principal qui tombe amoureux d’Eléa parce qu’il la voit à poil et qu’elle est bonne. Il la « connait » depuis 2 secondes et il est déjà jaloux et possessif mais en même temps il a envie de montrer au monde entier comme elle est belle.
- P. 90 : Description complète du corps d’Eléa. Première mention des seins d’Eléa et ce n’est que le début.
- P. 91 : « Et parmi tous les hommes qui à ce même moment, regardaient sur leurs écrans l’image de cette femme, qui voyaient (…), les fruits légers des seins, (…) combien ne purent empêcher leur main de se tendre, pour s’y poser ». Une nouvelle fois, le personnage féminin est un objet. Tous les hommes sont en chien. « Et parmi les femmes qui regardaient cet homme (…) ». En plus on a droit à une vision bien hétéronormée.
- P. 107 : « Mes chers collègues, dit Lebeau au cœur d’une réunion, vous le savez comme moi, les cerveaux masculins sont supérieurs en volume et en poids au cerveau féminins. Si c’est un cerveau qui nous intéresse, il me semble donc que c’est l’homme que nous devons réserver pour la seconde intervention ». A ce jour, il n’est même pas encore prouvé que le fait que le cerveau masculin soit en moyenne supérieur en volume et en poids ait un lien quelconque avec le niveau d’intelligence.
- P. 108 : « Mais personnellement, ajouta-t-il en souriant, après avoir vu la femme, j’aurais facilement tendance à penser qu’une telle beauté a plus d’importance que le savoir, si grand soit-il ». De nouveau, tout ce qui compte chez Eléa, c’est qu’elle soit belle.
- P. 109 : « Je viens de les regarder de près, l’homme et la femme… Mon Dieu, qu’elle est belle ». A ce stade, je pense qu’on a compris qu’elle est belle.
- P. 110 : « Il leur semblait que maintenant, toute nue sur le socle de métal (…) ». Eléa est belle et elle est à poil.
- P. 131 : « La femme nue. La femme de nouveau nue était étendue sur un lit étroit ».
- P. 151 : « Léonova, pleine de compassion, s’approcha du lit, prit une main d’Eléa (…) Simon releva la tête, la regarda avec des yeux féroces, et lui fit signe de s’écarter. Elle obéit, un peu interdite ». De nouveau, le personnage principal qui ne supporte pas qu’on s’approche de son objet. Imbuvable ce Simon. Mais bon, c’est un homme et Eléa est bonne donc c’est normal, il l’a voit comme sa propriété.
- P. 153 : Le gros cliché de la langue-elle et de la langue-il.
- P. 155 : « Son buste amaigri, ses seins légers tournés vers le ciel étaient d’une beauté presque spirituelle, surnaturelle ». On commence à se demander si il y a autre chose à dire sur Eléa en dehors de la beauté de son corps et de ses seins.
- P. 156 : « Une infirmière voulu l’aider. Simon l’écarta et prit la main d’Eléa dans la sienne ». Simon le possessif, le retour.
- P. 161 : « Les mesures de temps sont également différentes pour les hommes et pour les femmes ».
- P. 163 : « Elle se dressa sur son lit, nue, sauvage, superbe et tendue comme une bête chassée à mort ». Toujours Eléa à poil.
- P. 176 : « A l’infirmerie, Simon regardait Eléa dormir. Il ne la quittait plus. Dès qu’il s’éloignait, elle le réclamait ». A la place des infirmières, je n'oserai pas laisser Eléa seule avec Simon.
- P. 186 : « Elle a enroulé autour de son buste une longue bande de la même couleur, qui moule sa taille et ses épaules et laisse deviner sous l’étoffe les seins libres comme des oiseaux ». Les seins d'Eléa.
- P. 203 : « Il trouve parmi les garçons ceux qui sont et qui seront ce qu’il me faut, ce qu’il me manque, ce dont j’ai besoin et ce que je désire (…) ».
- P. 211 : « Quelques femmes étaient entièrement nues. Aucun homme ne l’était ».
- P. 256 : « L’ordinateur a choisi cinq femmes, pour leur équilibre psychique et physique, pour leur santé et leur parfaite beauté ». On aurait étonné que la beauté de la femme ne soit pas l’un des critères. Alors que les hommes sont choisi pour leur intelligence.
- P. 276 : La scène de sexe/combat : Si Eléa est forte comme 10 hommes après avoir pris un médicament, pourquoi elle doit se taper le garde pour le battre ? Probablement pour avoir une scène de cul supplémentaire.
- P. 316 : Nouvelle scène de cul, nouvelle description des seins d’Eléa, nouveau rappel qu’Eléa est belle au cas où on aurait oublié.
- P. 318 : Eléa est belle.
- P. 335 : Eléa a poil.
- P. 336 : « Je ne vous la donne pas, Coban ! Je vous l’ai apportée mais je ne vous la donne pas. Elle n’est pas à vous ». Eléa est un objet.
- P. 351 : Eléa à poil. « La pauvre petite dit l’infirmière. Faudrait peut-être que je lui mette son pyjama, elle risque d’avoir froid. – Ne la touchez pas, elle dort, elle est en paix dit Simon ». Simon qui nous refait son possessif. Troisième scène du genre. L’auteur a-t-il quelque chose à raconter ?
- P. 352 : « Mais dès qu’il ferma les yeux, les images se mirent à défiler, sous ses paupières. Eléa et Paikan, Eléa nue, le ciel de feu, le brassement des soldats morts, Eléa nue, Eléa sans Paikan ».
- P. 352 : « Si c’était du poison, Eléa en avait pris, et si Eléa mourait il n’aurait plus envie de vivre ». Leur « histoire d’amour » est tellement plate et sans intérêt que j’ai juste envie de lui mettre une claque pour qu’il se ressaisisse.
- P. 353 : « Il se mit à la caresser, à la masser doucement »… Malaise. « Je vais vous aider dit l’infirmière. – Laissez-la, dit Simon. Laissez-moi avec elle. Laissez-nous. Allez dormir dans votre chambre ». Sérieusement ???? Infirmière, c'est une mise en danger de la personne de laisser ce Simon seul avec une femme.
- P. 354 : La déclaration d’amour de Simon à Eléa. « Tu es belle… Tu es belle… », « Les mots de Simon se posaient sur elle, sur son visage, sur ses bras, sur ses seins découverts »
- P. 355 : « Tu es belle, rien n’est plus beau que toi… L’enfant nu… Rien n’est aussi beau que toi », « (…) d’un geste incroyable, la ramener vers elle et couvrir ses seins nus ». Simon a fini de mater les seins d’Eléa, il peut enfin les cacher.
- P. 357 : « Les facultés exceptionnelles de ton intelligence ». Alléluia !! Autre chose que les seins d’Eléa. Il reste 30 pages au livre.
- P. 383 : « Le plus beau jardin du monde pour la femme, elle entre, elle choisit, elle est fleur elle-même, fleur fleurie d’autres fleurs ». Je n’ai même plus la force de commenter et de dire ce que j'en pense.
- P. 384 : « Voulez-vous, demanda-t-il à Eléa, accepter de donner un peu de votre sang à Coban ? (…) Simon explosa. Pas question ! Il s’y opposait ! C’était monstrueux ! ». Assez surprenant, Eléa s’oppose à Simon.
Concernant Léonova maintenant :
- P. 41 : Comme par hasard, c’est une femme qui dit une connerie concernant la présence de pingouin en Antarctique.
- P. 46 : Il y a une seule femme dans l'équipe scientifique « Et ils étaient si parfait (en parlant du confort de la station construite en Antarctique) qu’on avait pu y accepter la présence des femmes ». Dès le début, l’auteur nous renvoie l’idée que les femmes sont trop précieuses et fragiles pour pouvoir vivre dans l’inconfort.
- P. 55 : « Quand Rochefoux descendit, accompagné de Simon et de Brivaux, de la charmante anthropologue Léonova ». La femme a droit à un petit charmant.
- P. 56 : « C’était la plus jolie femme de l’expédition. Hoover la regarda en souriant. – Quoi ! Vous ne l’avez pas reconnu ? Vous, une femme ? C’est de l’or ». De nouveau, il est question de son physique et en plus on insinue que les femmes sont toutes programmées pour reconnaitre de l’or.
- P. 60 : « Il n’y avait sûrement pas de chat à cette époque, ma mignonne, dit Hoover ». On comprend que Hoover va être le gros lourd dégueulasse du livre. Son comportement n’est jamais remis en question, il est normal. « Il voulu passer l’index sous le menton » … « Elle mordrait ! dit Hoover en souriant. Allez mignonne, on remonte. Passez la première ». Va-t-il la harceler sexuellement tout le long du livre ? Oui.
- P. 61 : « La petite ». Encore une fois de Hoover en parlant de Léonova. Mais bon, il s’inquiète pour elle au moins. Il n'est pas si méchant.
- P. 181 : « Tu es ma petite sœur, dit-il en donnant une tape sur les fesses de Léonova ».
- P. 188 : « Tu as raison, garçon, dit Hoover. Vas-y, vas-y, qu’elle parle pour nous, la chère colombe ». Charmante, petite, colombe,...
- P. 259 : « Ma charmante, dit Hoover ».
- P. 342 : « Qu’est-ce que je sais faire avec mes mains, moi, Monsieur Hoover grosse tête ? A part allumer ma cigarette et taper sur les fesses des filles ? » Au moins il en a conscience. N’est-ce pas pire encore ?
- P. 348 : Hoover qui demande à Léonova de devenir sa femme. J’espère que c’est pour « rire ».
- P. 359 : « Hoover avait tenu à les accompagner, et Léonova accompagnait Hoover. Par moments, il prenait sa main menue dans sa main énorme, ou bien c’était elle qui accrochait ses doigts fragiles à ses énormes doigts ». Super message, la femme tombe sous le charme du gros pervers.
- P. 370 : Hoover qui demande à Léonova si elle sait se servir de son arme.
J’ai bien conscience que le livre date de 1968, qu’il faut prendre en compte le contexte de cette époque. Mais malgré ça, on peut se demander si l’auteur a quelque chose à raconter. Il répète 10x la même chose, les scènes se ressemblent (Eléa à poil, les beaux seins d'Eléa, la possessivité malsaine de Simon, le comportement de porc de Hoover). On sent bien que l’auteur ne remet pas en question la façon de penser de ses personnages masculins, qu'il s'agit de sa propre vision et qu'il n'a probablement jamais eu conscience du problème.
Au niveau des personnages masculins, ce n’est pas mieux. On ne s’attache à personne (et dans mon cas, on déteste Simon encore plus qu'Hoover). Il y a 20 personnages différents, on ne sait même pas qui est qui. Il y a des gens qui meurent mais on ne sait même plus dire qui ils sont dans l’histoire du coup on s'en fout. Les personnages n’ont aucune profondeur. A part que : Simon est un gros pervers possessif et que : Hoover est un gros porc d'américain, les personnages n'ont aucune personnalité. On sait seulement qu’ils sont grands, petits, gros, blonds, noirs ou bridés. L’auteur arrive même à introduire un nouveau personnage dans les 20 dernières pages, à nous raconte des choses sur lui alors qu’il ne va servir à rien.
En dehors du sexisme, des personnages sans personnalité/profondeur dont on ne se souvient pas, le monde d’avant est très mal décrit. La plupart du temps je devais relire deux ou trois fois la phrase pour essayer de visualiser son monde. La plupart du temps j'ai abandonné.
La première partie du livre va beaucoup trop vite, on n’a pas le temps de s’immerger dans l'histoire. Le monde d’avant ne me fait pas rêver alors que l’auteur essaie de nous le faire passer pour quelque chose de mille fois mieux que le monde à son époque (alors même qu'ils finissent par s’entre-tuer, qu'à Gondawa on n'a même pas la liberté de choisir avec qui être en couple ou ne pas être en couple).
Enfin, l’idée selon laquelle les noirs viennent de mars me déplait fortement. Je ne connais pas la vie de l’auteur mais on peut y ressentir un certain racisme. Même chose quand Hoover insinue que ce n’est pas très grave si les colons américains ont décimé les amérindiens parce que les méchants dans le monde d'avant ressemblaient à des indiens. (Du coup je suppose que la shoah c'est pas si grave vu que les juifs ont tué Jésus ??? Ça me rappelle quelque chose....) Aucun personnage ne le remet à sa place pour nuancer le propos.
Pour moi, c’est un livre qu'on aurait pu enfouir volontairement sous 900 mètres de glace pour les 900.000 prochaines années.
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Créée
le 24 févr. 2023
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