Après la saga de science-fiction en deux volumes remarquée que fut Latium, l'auteur français Romain Lucazeau s'essaie à un genre somme toute complexe à maîtriser : le conte philosophique.
Et quand je dis complexe, je parle bien ici de cette liaison entre la candeur poétique d'un conte et la complexité d'une pensée philosophique jalonnant l'œuvre de part en part. La tâche est d'autant plus grande que l'auteur amène ici, au travers de la rencontre entre une jeune fille et un faune, une réflexion sur la permanence des civilisations et sur l'aspect cyclique de celles-ci. La physique fait partie intégrante de l'histoire que développe Lucazeau, et si la compréhension s'avère compliquée (en particulier vers la fin), on ne peut que ressortir ébahi devant une telle fusion entre sa plume poétique et ces informations techniques.
La lutte de toute civilisation pour leur pérennité, la question de ce qui attend chacune d'entre elles, l'expansion stellaire... Tout ces thèmes sont traités avec une grande justesse et efficacité. Aucun n'est survolé, et la sensation d'être aux côtés du faune dans cette valse aux confins de l'univers nous rappelle une énième fois l'infinie petitesse de notre entreprise humaine.