"Et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie"

Dans un dernier souffle de vie, sans mettre fin à sa phrase, le personnage s'adresse à un homme et "le retient par tous les mots qu'il peut trouver" dit Koltès; à travers ce monologue vertigineux : "Tu tournais le coin de la rue lorsque je t'ai vu" comme un dernier acte de résistance avant la mort.
La solitude extrême du personnage et le besoin de dire lui est vital. Il parle, il parle pour repousser la mort. Pour lui, elle est au bout du chemin, et pour la retarder, il lui fait raconter encore et encore ces nuits où il lutte pour la vie. Ces mots sont comme un acte de résistance. Il ne lui reste que ça pour agir. C'est pourquoi Koltès s'est refusé d'apposer un point final à son texte : les guillemets se referment, mais la parole reste inachevable, hors de la mort.

Perdure toujours cette pluie qui ne cesse jamais : "et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie", tel une accusation allégorique de la société.

Il est quelqu'un qui attend toute la vie parce que personne n'arrive.
Rachel_Youya
10
Écrit par

Créée

le 17 juin 2013

Critique lue 466 fois

5 j'aime

Rachel Youya

Écrit par

Critique lue 466 fois

5

D'autres avis sur La Nuit juste avant les forêts

La Nuit juste avant les forêts
tiiiiibo
10

Critique de La Nuit juste avant les forêts par tiiiiibo

C'est juste le plus beau monologue que le 20ème siècle ait porté. Une œuvre touchante et humaine, qui met en question notre société faiseuse de solitude, où l'individualisme (le chacun pour soi et...

le 16 juil. 2010

11 j'aime

La Nuit juste avant les forêts
Rachel_Youya
10

"Et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie"

Dans un dernier souffle de vie, sans mettre fin à sa phrase, le personnage s'adresse à un homme et "le retient par tous les mots qu'il peut trouver" dit Koltès; à travers ce monologue vertigineux :...

le 17 juin 2013

5 j'aime

La Nuit juste avant les forêts
Sivoj
7

Pas ma préférée

C'est l'histoire d'un type qui aborde un inconnu dans la rue. Il lui parle de tout et de rien pour essayer de le retenir, pour ne pas passer la soirée seul ; il lui raconte ce qu'il a vu, ou fait, ou...

le 22 févr. 2017

1 j'aime

Du même critique

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2
Rachel_Youya
9

"Le rire joue en ton visage, comme un vent frais dans un ciel clair" Baudelaire

C'est avec beaucoup d'émotion que je suis sortie de l'avant-première de La Vie d'Adèle. Des frissons plein les bras et la boule au ventre, je m'attaque à présent à l'écriture de mon ressenti. Après...

le 4 oct. 2013

14 j'aime

3

Avant le Déluge
Rachel_Youya
3

Le millionnaire au pays des ours blancs, ou comment Di Caprio dessert l'écologie politique

On se l'accorde. Ce film a le mérite d'exister, il permet de vulgariser tout un tas de données scientifiques, de sensibiliser un large public sur le réchauffement climatique, blablabla. Je vous...

le 21 déc. 2016

13 j'aime

3

The Lost City of Z
Rachel_Youya
4

Une forêt d'ennui

Halte aux spoilers ! C'est avec une scène d'ouverture plutôt prometteuse, ornée de plans d'ensemble et de plans généraux accompagnant une partie de chasse rythmée que s'ouvre The Lost City of Z. Je...

le 24 mars 2017

12 j'aime

2