"Et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie"
Dans un dernier souffle de vie, sans mettre fin à sa phrase, le personnage s'adresse à un homme et "le retient par tous les mots qu'il peut trouver" dit Koltès; à travers ce monologue vertigineux : "Tu tournais le coin de la rue lorsque je t'ai vu" comme un dernier acte de résistance avant la mort.
La solitude extrême du personnage et le besoin de dire lui est vital. Il parle, il parle pour repousser la mort. Pour lui, elle est au bout du chemin, et pour la retarder, il lui fait raconter encore et encore ces nuits où il lutte pour la vie. Ces mots sont comme un acte de résistance. Il ne lui reste que ça pour agir. C'est pourquoi Koltès s'est refusé d'apposer un point final à son texte : les guillemets se referment, mais la parole reste inachevable, hors de la mort.
Perdure toujours cette pluie qui ne cesse jamais : "et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie", tel une accusation allégorique de la société.
Il est quelqu'un qui attend toute la vie parce que personne n'arrive.